Fraîcheur du dancing, une vague vintage souffle sur l’hexagone depuis quelques années et signe le grand retour des danses de Harlem. On a voulu en savoir plus sur les effets de cet engouement autour des danses swing qui réchauffent les parquets le samedi soir sur un air de jazz entraînant. Entre antidote à la morosité et pied de nez aux applis de rencontres, ces soirées rétro nous réconcilient avec notre caractère social. Par Léa Borie
Un peu d’histoire de swing
Lindy hop, Charleston, Balboa… Ces danses sont nées, pour la plupart, au sein de la communauté noire américaine dans les années 20-30. La première, le Lindy hop, est une danse de rue en couple qui s’est développée dans la communauté noire-américaine de Harlem à New York. Son principe : mêler les genres et les influences. Un revival a été constaté dans les années 90. En Europe, les Suédois sont allés chercher des danseurs afro pour apprendre à danser. Et c’est surtout depuis le milieu des années 2000 que le mouvement reprend corps. En France, les grandes villes du swing, Toulouse, Montpellier et Grenoble, précurseurs en la matière, ont été suivies par Paris, Nantes, Lyon… La ville des Gônes justement, a fini par être gagnée par le phénomène il y a 5 ans. Trois grands organismes agitent les salles de danse : l’association Gon’a swing et son école Shall we swing, Swing-gum et LHDC. On tente une intronisation au sein de la première, comptant 300 adhérents et 550 élèves. Au programme, participer à un cours d’initiation, et s’incruster à un Bal !
La découverte du lindy hop : essayez un cours débutant !
Toute l’année en semaine, des cours sont dispensés par Shall we swing, de niveau débutant, intermédiaire et avancé. Le profil type des participants de ce cours de swing débutant ? Des filles, à 60 %, 25/35 ans, CSP+, diplômées, dans le tertiaire. Un samedi soir, on file se réchauffer dans une salle de danse pour notre tout premier cours de danse. Ça promet ! Tous les participants, une cinquantaine de personnes, sont en cercle autour de deux danseurs professionnels, Aurore et Aurélien.
« Moins de bla bla, plus d’entrechats ! » Après un rapide tour des prénoms, l’échauffement démarre. « On agite les paillettes », en secouant les doigts de haut en bas. La musique entre en jeu avec un exercice en pulsation : on frappe en rythme dans les mains en commençant par se déplacer dans la salle, via une promenade en 8 temps. « Regardez devant vous, insiste Aurélien, ça permettra, en soirée dansante, de vous dire bonjour. Et ce n’est pas très agréable de danser avec le crâne d’un partenaire. Même logique pour la main dans le dos de votre partenaire, crochetée comme un rapace, ce n’est pas très confortable pour la personne en face ». Votre partenaire… Mais au fil du cours, on changera plusieurs fois de duo. De là à dire que la danse swing n’est pas fidèle… « Du moment qu’on est connecté avec son danseur, on profite de la musique ensemble. Le reste suit ». Au bilan de cette grande première, on retiendra le fameux triple pas, l’importance de la connexion avec son partenaire, et celle du sourire, pour adopter une posture détendue et avenant.
Un Bal swing : passons aux choses sérieuses…
En mode Ballroom, la nouvelle boîte. Plus tard un samedi soir, le temps s’arrête… juste pour le plaisir de danser. Les participants jouent le jeu à fond, déguisés avec des tenues dignes des armoires de nos grands-mères et des accessoires rétro hyper canons. Il y règne une ambiance assez joyeuse. Sans doute en grande partie grâce à l’orchestre. Ce sont des personnes qui prennent des cours en semaine, et le week-end, s’octroient des soirées swing, comme autrefois, lorsqu’on dansait en club. A noter : des bals sauvages ont également lieu lors des saisons plus clémentes, dans la rue ! Et tous se rejoignent autour d’une passion commune et de la musique. «Il n’y a pas de ligne conductrice. D’extérieur, un bal de Lindy-Hop peut paraître désorganisé. Il est normal de se bousculer entre couples de danseurs.» Vous serez prévenus…
Aurélien Faravelon, le swing grenoblois importé à Lyon
Arrivé il y a près de 5 ans dans la capitale des Gaules, ce passionné de danse s’est senti frustré de ne pas pouvoir continuer à danser le swing comme il le faisait à Grenoble. «Dans cette ville, la pratique du swing est assez ancrée, avec de nombreux festivals, stages et soirées régulières. Ça m’a aidé et beaucoup influencé pour la suite.» Avec d’autres férus, il a commencé à organiser quelques soirées, de fil en aiguille, à donner ses premiers cours, avant d’ouvrir son association, et son école de danse, où ils sont désormais 9 profs à dispenser des cours dans différentes salles de danse. Formé à la danse contemporaine et au jazz, Aurélien aime le caractère souple de la danse : « L’une des composantes du lindy-hop est de danser en face à face, en position ouverte. Les deux partenaires peuvent improviser, le côté performance est intéressant. Surtout quand il s’agit de se caler sur la musique. Et à Lyon, on est particulièrement chanceux, car nous avons des orchestres très talentueux», s’enthousiasme Aurélien.
Interview de Philippe Bouchon, danseur passionné de swing
« On essaye le plus possible de faire en sorte que cette danse afro-américaine ne soit pas sexuée. C’est d’ailleurs pour ça qu’on parle de lead, et du (ou de la) follow. On aime utiliser l’anglais car il a l’avantage de ne pas être genré. Alors qu’à l’inverse, je trouve le rock assez machiste, car l’homme guide beaucoup, avec les bras. Avec le swing, on utilise l’énergie de chacun, et pourtant je trouve les gestes plus doux. L’intention est davantage : « je te propose ça ». Un vrai dialogue s’instaure avec son/sa danseur(euse), on apprend à s’écouter. En se mettant à la place de l’autre, on gagne en aisance. Par exemple, si je suis cavalier, je peux proposer une base, et ma follow est libre d’enchaîner sur une variation. C’est là que la conversation est la plus intéressante. Ça permet aussi des moments en solo. La musicalité a son importance pour ça. Tous ces éléments font que c’est une danse sociale qui se partage. »
Info pratiques swing
- Merci à Shall we swing : www.shallweswinglyon.com
- Rendez-vous pour le festival Swing Roar à Lyon du 29 au 31 mars ! http://www.gonaswing.fr/swing-roar/