Pelé, Maradona, Ronaldo, Zidane, Messi, Platini… Chacun dit la sienne lorsqu’il s’agit de déterminer le meilleur footballeur de tous les temps. La question, qui traverse les générations sans vieillir depuis plus d’un demi-siècle, réserve des débats souvent enflammés. Pour corser encore un peu la discussion, Women Sports vous lance une nouvelle interrogation : et si certaines des légendes de ce sport se trouvaient chez les filles ? À 10 jours de la Coupe du monde féminine de la FIFA France 2019, nous vous proposons de découvrir quelques unes des figures les plus emblématiques de l’histoire du football.
Par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.12 d’avril-mai-juin 2019
Mia Hamm
États-Unis – 47 ans – Attaquante
Elle est la footballeuse la plus connue au monde dans les années 1990. Alors que le « soccer » est en plein essor aux États-Unis, Mia Hamm devient la joueuse star d’une équipe nationale qui rafle quasiment tous les titres sur son passage. Elle contribue notamment aux succès de la sélection américaine lors des Coupes du monde 1991 et 1999, ainsi qu’aux médailles d’or dérochées aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, puis d’Athènes en 2004. L’attaquante des Yanks [ndlr, nom donné à l’équipe américaine] est la première footballeuse élue « Joueuse mondiale de la FIFA » en 2001, un titre qu’elle recevra également l’année suivante. En 2004, elle est l’une des deux seules femmes figurant au classement FIFA 100 établi par la légende du football Pelé pour les 100 ans de l’instance, honorant les 125 footballeurs encore vivants considérés comme étant les joueurs les plus exceptionnels et talentueux de leur génération.
Marta
Brésil – 33 ans – Attaquante (encore en activité – Orlando Pride, National Women’s Soccer League)
Elle est souvent comparée à son compatriote Pelé pour sa popularité, ses qualités footballistiques et son immense influence sur la sélection brésilienne. Marta – Marta Vieira da Silva de son vrai nom – a notamment conduit la Seleçao à deux médailles d’or aux Jeux panaméricains en 2003 et 2007, à deux finales olympiques en 2004 et 2008 (toutes deux perdues face aux États-Unis) ainsi qu’à une finale de Coupe du monde en 2007 (concédée face à l’Allemagne). À titre individuel, la Brésilienne de 33 ans a été élue six fois « Joueuse mondiale de la FIFA » – cinq fois consécutivement de 2006 à 2010 puis de nouveau en 2018 – ce qui fait d’elle la recordwoman de la distinction. L’empreinte de son pied est gravée dans le ciment du stade Maracana à Rio depuis la finale des Jeux panaméricains remportée face aux États-Unis en 2007, un honneur inédit pour une joueuse ! Depuis 2015, elle détient le record de buts marqués en Coupe du monde avec 15 réalisations.
Michelle Akers
États-Unis – 53 ans – Attaquante / milieu de terrain
Comme sa compatriote Mia Hamm, Michelle Akers participe à l’épopée américaine des années 1990. Cadre de la sélection nationale, elle prend part au sacre des Yanks lors de la première édition de la Coupe du monde féminine en 1991, dont elle termine meilleure buteuse avec 10 réalisations. Un record de buts marqués en une seule édition du tournoi qui tient encore aujourd’hui ! Avec ses compatriotes américaines, Akers remporte également les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 ainsi qu’un second sacre mondial en 1999. Elle est élue trois fois « Joueuse américaine de l’année » en 1990, 1991 et 1999. L’attaquante californienne est également élue seconde « Meilleure joueuse du XXe siècle » par l’International Federation of Football History & Statistics, derrière une certaine… Mia Hamm. Comme elle, elle figure au classement FIFA 100.
Nadine Angerer
Allemagne – 40 ans – Gardienne
Elle est une exception dans l’histoire du football, hommes et femmes confondus, puisqu’elle est la seule gardienne élue « Joueuse mondiale de la FIFA » en 2013, un trophée souvent réservé aux postes d’attaquants. En gardant ses cages d’une main de fer, Nadine Angerer permet à la Nationalelf de décrocher trois médailles de bronze aux Jeux olympiques (Sydney 2000, Athènes 2004 et Pékin 2008), mais surtout de remporter consécutivement deux Coupes du monde en 2003 et 2007. Lors de cette seconde édition du Mondial dorée pour les Allemandes, la portière bavaroise démontre toute l’étendue de son talent en n’encaissant strictement aucun but et en détournant un pénalty en finale face au Brésil (2-0). Nadine Angerer est par ailleurs quintuple championne d’Europe avec sa sélection (1997, 2001, 2005, 2009, 2013).
Birgit Prinz
Allemagne – 41 ans – Attaquante
Comme Nadine Angerer, Birgit Prinz remporte deux Coupes de monde, cinq Championnats d’Europe et trois médailles de bronze olympiques avec l’équipe nationale d’Allemagne. Elle n’est pas non plus avare en distinctions personnelles puisqu’elle est élue huit fois « Footballeuse allemande de l’année » et sacrée meilleure joueuse et buteuse du Mondial 2003 (7 buts). En 2003, 2004 et 2005, elle remporte le titre de « Joueuse mondiale de la FIFA », un triplé qui fait d’elle la deuxième footballeuse au palmarès du trophée derrière Marta (Prinz termine également quatre autres fois première dauphine de l’attaquante brésilienne de 2006 à 2010). Son efficacité devant les cages (128 buts pour 214 sélections) est telle que Luciano Gaucci, président du Pérouse Calcio, lui propose d’évoluer dans le Championnat masculin italien en 2003. Une proposition que la star de Francfort (13 saisons) refusera pour éviter tout conflit avec la fédération internationale.
Homare Sawa
Japon – 40 ans – Milieu de terrain
Le 5 décembre 1993, alors qu’elle est âgée de 15 ans et qu’elle dispute son premier match en équipe nationale face aux Philippines, Homare Sawa inscrit pas moins de quatre buts : le ton de sa carrière est donné. Vingt-cinq ans plus tard, l’attaquante nippone compte parmi les références mondiales du football féminin et apparaît comme la principale instigatrice de la montée en puissance du Japon sur la scène internationale. Elle contribue au succès de son pays lors de la Coupe du monde 2011. Capitaine de l’équipe, elle termine meilleure joueuse de la compétition et est élue « Joueuse mondiale de la FIFA » la même année. L’attaquante nippone détient par ailleurs deux records inscrits au Guinness Book : celui du but marqué le plus tard dans une finale de Coupe du monde (117e minute face aux États-Unis en 2011) et celui du plus grand nombre de participations en Coupe du monde (6 éditions), qu’elle partage avec la Brésilienne Formiga. Sawa est la joueuse la plus capée (205 sélections) et la meilleure buteuse (83 réalisations) de l’histoire du football japonais.
Kristine Lilly
États-Unis – 47 ans – Milieu de terrain
Elle est, elle aussi, de la génération américaine dorée des années 1990. Kristine Lilly fait partie de l’équipe des Yanks qui a soulevé deux trophées de Coupes du monde (1991 et 1999) et remporté deux titres olympiques (1996 et 2004). En 23 ans de carrière internationale, la new-yorkaise compte parmi les buteuses les plus prolifiques des États-Unis avec 130 buts inscrits. Mais Lilly est surtout connue pour être la footballeuse la plus sélectionnée du monde, hommes et femmes confondus, avec 352 capes. Loin (très loin) devant l’Égyptien Ahmed Hassan et ses 184 feuilles de match, le recordman chez les hommes, ou encore Sandrine Soubeyrand, joueuse française affichant le plus de participations sous le maillot tricolore (198).
Christine Sinclair
Canada – 35 ans – Attaquante (encore en activité – Portland Thorns FC, National Women’s Soccer League)
Elle est « la » figure du « soccer» dans son pays. Au Canada, impossible de passer à côté du phénomène Christine Sinclair. Pilier de la sélection nationale, elle remporte avec ses compatriotes canadiennes la médaille d’or des Jeux panaméricains en 2011 et une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Londres l’année suivante, une compétition qu’elle termine en décrochant le Soulier d’or de la meilleure buteuse (6 buts inscrits). Elle est élue dix fois « Joueuse canadienne de l’année » entre 2000 et 2012 et plusieurs fois prétendante au titre de « Joueuse mondiale de la FIFA ». En 2018, l’attaquante de Portland a reçu l’Ordre du Canada au titre d’officier pour ses accomplissements sportifs, son comportement exemplaire et l’inspiration qu’elle donne aux Canadiens, notamment les nouvelles générations. La même année, elle est nommée parmi les quinze prétendantes au Ballon d’or féminin.
Abby Wambach
États-Unis – 38 ans – Attaquante
Elle est l’héritière directe des championnes américaines des « 90’s ». Présente en équipe nationale depuis 2003, Abby Wambach prend part au premier succès des Yanks au XIXe siècle : le titre olympique à Athènes en 2004. Elle devient par la suite une joueuse cadre de la sélection américaine qui remporte la Coupe du monde 2011 et les Jeux olympiques de Londres. Elle est élue « Joueuse mondiale de la FIFA » en 2012, devant la Brésilienne Marta et sa coéquipière Alex Morgan. Elle est la première américaine titrée depuis dix ans et Mia Hamm. Le 20 juin 2013, elle inscrit ses 157e, 158e, 159e, 160e buts en sélection, devenant ainsi la meilleure buteuse de l’histoire du football, tous sexes confondus. Lorsqu’elle prend sa retraite internationale fin 2015, elle comptabilise 184 buts sous le maillot des Yanks (pour 255 sélections).
Ada Hegerberg
Norvège – 23 ans – Attaquante (encore en activité – Olympique lyonnais, Championnat de France)
Malgré son jeune âge et une carrière naissante, Ada Hegerberg mérite amplement sa place dans notre top 10 des meilleures footballeuses de l’histoire. Outre les nombreux titres qui figurent déjà à son palmarès – quadruple championne de France de D1 et triple vainqueure de la Ligue des Champions avec l’Olympique lyonnais -, la Norvégienne de 23 ans, pièce maitresse de l’attaque des Gones, a surtout marqué de son empreinte le tableau des légendes du football féminin en remportant, le 3 décembre dernier, le Premier Ballon d’Or France Football récompensant une joueuse. Avec 136 points, Ada Hegerberg a été préférée pour le titre à la Danoise Pernille Harder, évoluant à Wolfsbourg (2e avec 130 pts), à sa coéquipière allemande à Lyon Dzsenifer Marozsan (86 pts) ainsi qu’à la grande Marta (77 pts). Malheureusement, elle ne fera pas démonstration de son immense talent sur les pelouses des stades français lors de la Coupe du monde cet été, l’attaquante norvégienne ayant décidé de se mettre en retrait de sa sélection nationale, frustrée par un Euro-2017 catastrophique et un fonctionnement du système fédéral qu’elle juge amateur.