« Me faire plaisir et être compétitive ». Cet hiver, Tessa Worley dispute sa quatorzième saison de Coupe du monde de ski alpin. Et autant dire qu’à 30 ans, elle ne compte pas y faire de la figuration ! Pour autant, la double championne du monde de slalom géant a accepté de laisser de côté la compétition pendant quelques minutes. Pour Women Sports, elle se livre en toute intimité sur ses deux passions : le ski et la montagne.
Propos recueillis par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.15 de janvier-février-mars 2020
Ses premiers souvenirs sur les skis
« C’était en Nouvelle-Zélande, dans la petite pente qui menait au garage de notre maison. Mes parents avaient planté des bâtons et j’essayais de glisser entre. J’ai aussi des souvenirs au jardin d’enfant de la station qu’ils géraient, ainsi qu’au Grand-Bornand, où nous venions passer six mois de l’année à l’époque. »
Ses pistes et massifs favoris
« Je trouve particulièrement magnifique le Sud Tyrol, que ce soit en Autriche ou en Italie, et notamment les Dolomites (ndlr, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2009). Ce n’est pas très loin de chez nous, on reste dans les Alpes, mais les paysages sont malgré tout bien différents des nôtres. C’est ce qui est merveilleux d’ailleurs avec les montagnes : de voir comment, par leur forme et leur aspect, elles créent des horizons et des sensations uniques. Nos massifs français, par exemple, sont assez escarpés ; de fait, on a l’impression d’être dans un tout petit cocon. Aux États-Unis, les montagnes sont beaucoup plus étalées et cela donne tout de suite un ensemble plus vaste. »
Son « mood » quand l’hiver s’en va…
« Il ne faut pas croire, j’apprécie aussi beaucoup la montagne l’été ! Je fais du vélo de route, du VTT et du wakeboard sur les lacs. En réalité, l’hiver n’a pas vraiment le temps de me manquer puisque je ne passe jamais plus de trois mois sans skier. Je suis en stage avec l’équipe de France sur les glaciers en juillet, puis de nouveau en août. Au mois de septembre, on part s’entraîner sur les neiges du Sud et lorsqu’on revient en France, c’est déjà le moment d’attaquer la saison et ce jusqu’en mars/avril. Mais c’est certain que sans ce calendrier, les choses seraient différentes. L’an dernier, en raison de mon opération au genou en fin de saison, je n’ai pas pu skier avant mi-août. Pour le coup, ça commençait vraiment à me démanger (rires) ! »
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Ses contraintes de skieuse de haut-niveau
« Les blessures et les douleurs physiques… Le ski est un sport qui laisse des traces et je le ressens de plus en plus. Savoir mon corps meurtri m’embête beaucoup. C’est mon outil de travail, je dois en prendre soin pour ma carrière bien sûr, mais j’ai aussi envie de le ménager pour après ! »
Sa photo de montagne #1
« C’est souvent le matin, quand tout est blanc et que le ciel est encore rose. Et si on est les premiers à faire les traces de ski dans la neige fraîche, alors là, c’est le top ! Ce sont des moments magiques. »
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Son regard sur l’avenir des sports d’hiver eu égard au changement climatique
« On enchaîne les saisons tellement vite qu’on ne prend pas toujours le temps de s’arrêter sur la question… Ce qui est sûr, c’est qu’on observe des changements. Quand il y a des températures chaudes comme l’été dernier, les glaciers subissent énormément et ça se voit à l’oeil nu. Il y a quelques années, nous étions certains des conditions qu’on allait trouver dans tel endroit, à telle période de l’année. Aujourd’hui, on est sans arrêt en train de se demander s’il y aura assez de neige et s’il fera suffisamment froid pour que la pratique du ski soit assurée. C’est beaucoup de questionnements et d’adaptation. Je pense que de nouveaux outils seront créés pour nous permettre de continuer à skier mais que, de fait, les disciplines de sports d’hiver vont devenir de plus en plus rares. »
Son plus beau souvenir de carrière
« J’ai la chance d’en avoir quelques-uns (sourire)… mais je retiendrai en priorité mon second titre de championne du monde de géant en 2017. C’était l’une des courses les plus abouties de ma carrière. Je savais que je pouvais gagner, j’avais décidé de gagner et j’ai gagné. C’était aussi une journée parfaite en terme de conditions et mes proches étaient présents. »
Son après-ski
« Je ne me vois pas partir loin des montagnes. Bien sûr, je pourrais être amenée à vivre ailleurs pendant quelque temps, mais je pense qu’il y aura toujours un retour aux sources, et plus précisément chez moi, au Grand-Bornand. Je suis très attachée à mon village et j’ai envie d’y vivre, alors ça se fera forcément un jour ou l’autre. Quant au domaine dans lequel je souhaiterais évoluer, je n’y ai pas trop réfléchi. Je pourrais restée dans le sport comme avoir envie d’explorer de nouveaux horizons. On verra, on n’y est pas encore ! »