Maquillage rouge et noir sur les pommettes, écharpes autour du cou, cordes vocales affûtées… C’est parti pour le match ! Charlotte, 24 ans, et Ambre, 23 ans, nous font découvrir leur passion : celle du rugby et plus particulièrement du Rugby Club Toulonnais (RCT). Cap sur le Stade Mayol pour une virée entre copines… et ferventes supportrices !
Par Vanessa Maurel
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.15 de janvier-février-mars 2020
On les entend déjà chanter à tue-tête le « Coupo Santo » dans les gradins du Stade Mayol, « coupo santo E versanto, Vuejo à plen bord, Vuejo abord, Lis estrambord, E l’enavans di fort… ». Entonner ce chant provençal avec une passion qui prend aux tripes, qui vous fait sentir comme à la maison malgré les milliers de personnes qui vous entourent. Charlotte et Ambre, traits rouges et noirs sur les pommettes, pourraient passer leurs soirées ici, se fondant dans la masse des supporters du RCT. À 24 et 23 ans, les deux amies sont passionnées de rugby depuis leur plus tendre enfance. « Étant originaires de Toulon, on a toujours été portées par la ferveur du sport ». Leurs coeurs battent au rythme du tambour des ultras, qui s’emballe au fil du match. L’émotion de la rencontre est intense. Les voix s’élèvent mais sans jamais engendrer de violence. « C’est pour ça qu’on aime le rugby. Ici, la mentalité est complètement différente de celle qu’on retrouve au football », racontent-elles d’une voix commune. « Au Stade Mayol, on peut très bien regarder le match avec des supporters adverses et rigoler ensemble. Même si parfois on râle contre les joueurs des autres équipes pour un mauvais geste, cela n’empêche pas qu’on les respecte. Parfois même, on va faire une photo avec eux après la rencontre ! » Même face à Clermont-Ferrand ? (le plus grand rival du RCT, ndlr) « (rires). Lors de ces derbys, la ferveur est plus intense encore. Disons-le clairement, on n’a qu’une envie, c’est de voir Clermont perdre. Mais il n’y a aucune animosité envers les joueurs et les supporters… »
« Nous aussi nous aimons boire une bière dans les gradins et nous casser la voix pour notre équipe. »
Et si on ose leur demander la différence entre les supporters hommes et femmes, Charlotte et Ambre sont unanimes : « Il n’y en a aucune. Il faut cesser les stéréotypes. Nous aussi, nous aimons boire une bière dans les gradins et nous casser la voix pour notre équipe. Certes il y a des groupies qui viennent juste pour voir les joueurs, mais ce phénomène existe aussi chez les hommes ! »
Ce qui les distingue peut-être du commun des supporters Toulonnais, ce sont ces quelques anecdotes savoureuses, qui gravitent autour du ballon ovale. Charlotte en raconte une, pour le moins mythique. « On rentrait de boîte de nuit, quand on a croisé des joueurs du Stade français. Ils étaient quatre et se rendaient à leur hôtel, à pieds. Déjà qu’ils avaient perdu, on n’allait pas en plus les laisser comme ça. On leur a proposé de les ramener et de monter dans ma voiture, qui était toute petite à l’époque. Je vous laisse imaginer quatre grands gaillards et surtout très musclés empilés à l’arrière… C’était drôle à voir ! » Cette proximité avec les joueurs ne les étonne plus. « Un autre soir, alors qu’on faisait la fête en boîte de nuit à Carqueiranne, on a vu un joueur italien. Il n’y avait plus grand monde sur la piste de danse, tous les joueurs étaient rentrés, sauf lui. Lorsqu’il nous a reconnues, il est venu danser et passer la soirée avec nous », rigolent-elles. « C’est vrai que les rugbymen sont très accessibles. Il nous arrive assez régulièrement d’aller parler à certains d’entre eux dans la rue quand on les croise. Mais on respecte leur vie privée. Si on les croise en train de faire les courses avec leur famille, on ne va pas les déranger. »
Un sentiment de partage et de bienveillance qui reflète les valeurs premières du sport. « C’est dingue ce qu’on peut vivre en termes d’émotions grâce au sport. C’est unique. » Et malgré les études, le travail et désormais un éloignement géographique de Toulon, Charlotte et Ambre gardent cet engouement pour le RCT. Une passion qu’elles prendront soin d’attiser pendant encore de belles et longues années, avant, qui sait, de la transmettre à leurs enfants.
Les deux copines
Charlotte
- Âge : 24 ans.
- Études : Diplômée d’un Master 1 de Droit et d’un Master 2 de journalisme.
- Passions : le rugby, le cinéma, la culture.
- Joueurs préférés : Drew Mitchell, joueur australien du RCT de 2013 à 2017 (club avec lequel il est deux fois vainqueur de la Coupe d’Europe, en 2014 et 2015, et vainqueur de l’édition 2014 du championnat de France) ; et Charles Ollivon, qu’elle surnomme instinctivement « mon nini » ou plus généralement « le meilleur 6 du monde ».
- Plus beau souvenir : Quand les joueurs du RCT ont ramené le bouclier de Brennus (champion de France) à Toulon. « Ils sont arrivés en bateau, je m’en souviendrai toute ma vie. J’ai même pu toucher le bouclier, c’était dingue ! 50.000 personnes étaient présentes, la ville était paralysée, c’était un moment magique. »
Ambre
- Âge : 23 ans.
- Études : Diplômée en Droit.
- Passions : le rugby, le volley, la culture.
- Joueurs préférés : Jonny Wilkinson, joueur anglais du RCT de 2009 à 2014 (également champion de France en 2014 et deux fois vainqueurs de la Coupe d’Europe avec le club) et par ailleurs Champion du monde 2003 avec le XV de la Rose.
- Plus beau souvenir : Finale de H Cup, 2013. Toulon bat Clermont, son plus grand rival,16-15. « Quand Toulon gagne, il y a une ferveur incroyable qui envahit le Stade Aviva à Dublin. On se prend tous dans les bras, on fait même des câlins à des personnes qu’on ne connaît pas. Rien que d’en parler, j’en ai des frissons ! »