Avant de faire leur entrée sur les catwalks, des sagas fashion sont nées sur les terrains. Les produits techniques, détournés de leur utilisation d’origine, sont devenus loisirs, voire mode. Entrons dans le siècle du sport-fashion, pour jouer les rebelles, au rayon des baskets pour commencer.
Symbole de la street culture hi-hop propre aux années 90, le jogging, apanage de la jeunesse des banlieues, s’est imposé grâce aux marques associées. S’emparant des attributs du luxe propres aux catégories supérieures, les jeunes des milieux populaires parviennent à bousculer les codes. Un élément criant qu’on retrouve aux pieds de la jeunesse.
« Émergente dans les années 5, à son apogée en 70, la mode des baskets est née dans la rue. Les baskets viennent du peuple pour le peuple » , détaille Audrey Millet, chercheuse et maître de conférences en histoire et en lettres. En quelques décennies, ces chaussures sont passées au premier rang de la culture populaire, devenant l’uniforme des rappeurs et l’élément de base du streetwear.
On voit d’ailleurs naître éditions limitées et modèles uniques attisant les convoitises. Une preuve de plus que la basket est entrée dans la planète fashion ? Son utilisation sportive a quelque peu été abandonnée ; on la voit même portée sans lacets ! Devenue produit de consommation courante, elle est davantage liée à son esthétique. En 2010, Isabelle Marant injectait aux pieds de modeuses ses baskets féminines à semelles compensées intégrées !
Avec de telles possibilités, les modèles évoluent vers de véritables représentations de la personnalité. Un foisonnement d’idées telles que le luxe s’en est emparé, constate Audrey Millet : « On note une inversion : maintenant, c’est l’aristocratie qui imite le peuple. Les grandes maisons copient le bas peuple. C’est ainsi qu’on trouve des snickers Gucci, Vuitton ou Dior » .