Jumelles, meilleures amies et coéquipières. Romane et Marine Ménager font partie de ces rares soeurs à percer en haut niveau dans leur sport : le rugby. Un parcours hors du commun qu’elles nous ont raconté dans un entretien aussi touchant qu’amusant. PAR VANESSA MAUREL
Extraits du magazine N°19 janvier février, mars 2021.
Romane et Marine Ménager ont, comme on peut l’imaginer, une relation « fusionnelle ». Depuis toujours, les deux soeurs passent le plus clair de leur temps ensemble. « Quand on était petites, c’était un peu moins flagrant car on partageait davantage d’activités avec notre grande soeur Caroline. » Mais le rugby a définitivement rendu les jumelles inséparables ! Avant de découvrir le ballon ovale, Romane pratiquait le judo et Marine était dans un centre aéré multisports. Après une initiation au rugby à l’école, leur grande soeur s’est inscrite et elles ont suivi le mouvement. Depuis l’âge de 7 ans, le rugby est leur passion !
« Ça a renforcé nos relations »
Repérées pour exercer au plus haut ni- veau, Romane et Marine ont pu compter sur leur lien unique pour se sentir en confiance. « On a toujours l’impression d’être dans notre cocon familial. C’est difficile de partir loin de ses parents quand on a seulement 15 ans, mais nous on avait la chance d’être ensemble. » Pas question pour elles de parler de rivalité, « du moins négative ». « Au contraire, on a toujours transformé ça en quelque chose de positif », raconte Marine. « Quand l’une était meilleure sur les tests physiques par exemple, ça donnait envie à l’autre de pousser encore plus pour être au même niveau. » Pourtant, à leurs 19 ans, Romane est convoquée avec le XV de France, pas Marine. « C’est là que j’ai eu un déclic. Je trouvais dommage le fait de ne pas vivre cette aventure incroyable avec elle, explique cette dernière, j’ai voulu me bouger pour la rejoindre dans l’effectif. En revanche, je ne me suis jamais sentie moins forte que ma soeur aux yeux des gens et je n’ai jamais appréhendé le fait qu’ils puissent penser que ma jumelle était meilleure que moi. »
Pas facile cependant pour les soeurs de ne pas être comparées. « C’est pesant, avoue Romane. Depuis qu’on est petites les gens confrontent nos personnalités. Dans le rugby c’est encore pire ! On re- garde toujours laquelle des deux a fait le meilleur tournoi ou le meilleur match. » Obligées parfois de faire abstraction de ce jugement permanent, les deux sportives savent sur quels avis elles doivent se baser. « On ne prend en compte que les remarques de notre entraîneur et du staff. » Toutefois, ces comparaisons systématiques et les différences de niveau sont plus difficiles à gérer pour leurs parents. « Nous, on sait que ça fait partie du jeu. En revanche, eux ne sont pas vraiment de ce monde-là et ont parfois du mal à se positionner. » À la Coupe du monde de 2017, Romane fut sélectionnée en équipe nationale mais pas sa soeur. « Nos parents ne savaient pas trop s’ils devaient être contents pour elle ou tristes pour moi. Mais maintenant ils s’en sortent très bien et heureusement qu’ils sont là ! »
Les deux soeurs ont toujours été soutenues dans leur décision de faire du rugby. « On habite dans un endroit encore «vieille France», où les petites filles sont censées faire de la danse ou des sports plus classiques. Nos parents ne nous ont jamais interdit de faire du rugby, au contraire. Pour eux, tant qu’on faisait un sport collectif, c’était très bien. »
Jouer l’une contre l’autre ? « Jamais ! »
Depuis leur plus tendre enfance, Romane et Marine jouent sous les mêmes couleurs. Elles évoluent actuellement au sein du club de Montpellier. Inimaginable pour elles d’évoluer dans deux équipes différentes. « Même dans les entraînements quand on doit jouer l’une contre l’autre on râle », rigole Romane en avançant que leur style de jeu peut même être altéré. « Inconsciemment on y va plus tranquille- ment. Si on aime habituellement le frontal et le contact, quand on a sa soeur en face c’est plus difficile. Il est impossible de se donner à 100 %. » Ce lien qui les unit peut néanmoins avoir des points négatifs. « Nous sommes émotionnellement très reliées », racontent-elles d’une voix commune. « Si l’une sort sur blessure d’un match, l’autre va avoir beaucoup de mal à gérer la situation. Nos coéquipières, qui nous connaissent très bien, vont avoir un rôle très important sur notre mental pour nous aider à nous remettre dans le jeu », du moins, si elles ne se trompent pas de prénom… Car sur le terrain comme en de- hors, difficile de les différencier. « Sur les photos de nous petites, on aurait du mal à nous reconnaître. » Les frangines ont redoublé d’imagination pour se distinguer. « À cet âge, on mettait des bandes de couleurs différentes sur nos casques » et aujourd’hui c’est grâce à leurs coiffures que leurs coéquipières peuvent tenter de les reconnaître. « Dans l’action, il est parfois impossible de nous distinguer, on ne fait plus la différence. Donc, même si on se trompe de prénom, ce n’est pas grave, on répond pour les deux ! »
PRÉSENTATIONS INVERSÉES
MARINE PRÉSENTE SA SOEUR
Quelques adjectifs pour décrire Romane ?
Gentille, drôle, attentionnée, travailleuse.
Quelle est sa plus grande qualité ?
Altruisme.
Quelle est son plus gros défaut ?
Sa cuisine sans matière grasse… En réalité, je ne sais pas.
La plus grande différence entre elle et toi ?
Notre tempérament. Romane est plus calme que moi et plus timide.
ROMANE PRÉSENTE SA SOEUR
Quelques adjectifs pour décrire Marine ?
Sincère, honnête, indépendante, drôle, maline.
Quelle est sa plus grande qualité ?
Honnêteté.
Quelle est son plus gros défaut ?
Têtue.
Quelles différences entre elle et toi ?
Je suis plus émotive que Marine et plus timide. Elle a beaucoup plus de facilité à parler avec les gens tandis que je suis plus sur la réserve.
Des astuces pour vous différencier ?
Notre coiffure ! Marine a toujours un chignon et moi une queue de cheval. Ce n’est pas fait exprès mais ça aide à nous reconnaître. J’ai aussi les traits plus ronds que ma soeur.