Marlène Harnois est une médaillée olympique de Taekwondo philanthrope ! Passionnée et rêveuse, la jeune femme nommée chevalier de l’ordre national du Mérite et figure emblématique de Peace and Sport (voir édito) nous révèle avec philosophie sa manière de voir la vie dans un entretien exclusif réalisé lors des Sportel Awards 2020.
Propos recueillis lors des Sportel Awards 2020 de Monaco par Vanessa Maurel
WOMEN SPORTS : LA PHILOSOPHIE FAIT ENTIÈREMENT PARTIE DE VOTRE VIE. A-T-ELLE AUSSI JOUÉ UN RÔLE DANS VOTRE PRATIQUE SPORTIVE ?
MARLÈNE HARNOIS : L’art martial est à la base philosophique puisqu’il y a cette notion de hiérarchie et de respect. D’ailleurs, lorsque j’ai commencé le taekwondo à 4 ans, ma mère m’y a inscrite pour que j’apprenne la discipline et les valeurs éducatives du sport, qui sont fondamentales. Dans n’importe quel pays du monde, aujourd’hui, quand j’ouvre les portes d’un club de taekwondo, je me sens à la maison. Chacun des pratiquants partage les mêmes codes, les mêmes valeurs et le même état d’esprit.
DEPUIS LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PHILOSOPHIE 2018 AU SIÈGE DE L’UNESCO, VOUS ÊTES AMBASSADRICE DE PHILOJEUNES. LE BUT DE CE PROGRAMME EST- IL DE FAIRE EN SORTE QUE LES VALEURS DU SPORT DEVIENNENT UNE NORME DANS LA SOCIÉTÉ ?
Philojeunes est implanté dans plusieurs académies françaises et belges et s’ins- pire de programmes canadiens. Le but est de toucher les jeunes via des tables afin de rondes, à l’âge le plus formateur, afin de transmettre des concepts positifs. Les valeurs structurantes du sport sont les valeurs de base de la société. Je me dis du dialogue et de la compréhension pour qu’on puisse tous vivre ensemble de manière harmonieuse. Et comme disait Nelson Mandela, « le sport a le pouvoir de changer le monde, le sport a le pou- voir d’inspirer, il a le pouvoir d’unir les gens de manière unique, de parler à la jeunesse un langage qu’il comprend et le sport peut créer de l’espoir là où il n’y a que du désespoir ». Dans le sport il n’y a pas de barrière, pas de religion, pas de catégorie sociale. On est une équipe, on est ensemble. J’adorerais que cela soit la norme dans la société.
À QUI S’ADRESSE PHILOJEUNES ?
Philojeunes promeut la philosophie auprès de la jeunesse (6-16 ans). Dans les écoles, les élèves sont invités à débattre autour de tables rondes sur différents thèmes. Dans ce groupe de parole organisé par des éducateurs, les jeunes ont des règles. Ils doivent s’écouter, n’ont pas le droit de critiquer, de répondre, etc. Ce système crée de la compréhension entre camarades. Quand son voisin exprime sa croyance sans qu’on puisse le critiquer, on est obligé d’essayer de comprendre. En fait, on leur apprend la différence entre croire quelque chose et savoir quelque chose. Je pense très sincèrement que ce pro- gramme devrait faire partie de l’Éducation nationale. Si certains sujets étaient abordés de manière pédagogique dans un contexte très encadré, peut-être que dans la forme, l’intégration et la compréhension se passeraient mieux.