La Française Angelina Favario est la seule femme à participer au championnat de France de Formule 4 ! Cette passionnée de course automobile de 18 ans à peine n’a qu’un but : démonter les préjugés. Elle a d’ailleurs créé sa propre association, Angélina Favario Sport Automobile, pour sensibiliser les jeunes filles au sport auto. Et elle parvient à se faire une place dans ce monde encore à majorité masculine. Elle concourt désormais aux côtés de 15 hommes en F4. Pas une mince affaire ! PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL
WOMEN SPORTS : TU ARRIVES EN F4 À SEULEMENT 18 ANS ! COMMENT SE SONT PASSÉES LES SÉLECTIONS ?
ANGELINA FAVARIO : J’avais déjà rencontré le directeur de la Fédération il y a un an. J’avais eu l’occasion de discuter avec lui, de parler de mon expérience en karting, etc. J’ai ensuite passé les tests officiels au circuit du Mans. Il s’agit de tests physiques et sur la piste au volant de la Formule 4. Quand j’ai su que j’intégrais le championnat, j’étais extrêmement contente. J’attendais cela depuis telle- ment longtemps ! Je me sens encore plus motivée, fière de ce que j’ai accompli et de ce qu’il me reste à faire.
TU AS EU L’OCCASION DE RÉALISER TA PREMIÈRE COURSE DIMANCHE 4 AVRIL 2021 SUR LE CIRCUIT DE NOGARO. RACONTE-NOUS TOUT !
Il y avait beaucoup, énormément de stress. Mais lorsque j’ai pris le départ avec mes quinze concurrents, j’étais chanceuse, puisque les conditions étaient idéales. Il faisait beau, je connaissais la piste. L’ambiance entre les mécaniciens, les ingénieurs et les pilotes était super. Une fois dans la voiture, installée sur la grille de départ, tout est en revanche devenu très intense. Dès que j’ai enfilé mon casque, et que j’ai vu les feux s’éteindre, je n’entendais plus rien et je suis devenue extrême- ment concentrée. Il y avait 20 minutes de course, tout se jouait là. J’ai terminé 14e sur 16. C’est très positif car en Formule 4 il y a beaucoup de redoublants, de très bons pilotes qui ont eu l’occasion de concourir sur des championnats mondiaux.
« JE SUBIS PAS MAL DE SEXISME. LES 15 PILOTES TRAÎNENT ENTRE EUX ET NE M’ADRESSENT PAS LA PAROLE. »
TRE LA SEULE FEMME DANS UN CHAMPIONNAT D’HOMMES, EST-CE UNE FIERTÉ ?
Totalement, et j’en fais une force. Mais c’est loin d’être simple. Comme je m’en doutais, je subis pas mal de sexisme. Les quinze pilotes traînent entre eux et ne m’adressent pas la parole. J’ai pourtant essayé d’entrer en communication… Sans succès pour l‘instant. J’y étais préparée. Déjà lorsque j’évoluais en karting, j’endurais ce genre de comportements quelque peu excluants.
AS-TU DÉJÀ SUBI DES REMARQUES DÉSOBLIGEANTES ?
En Formule 4, mes concurrents ont tous entre 14 et 17 ans et manquent sûrement un peu de maturité. Pour autant, aucun d’entre eux ne m’a fait de remarques directes. Cela se traduit plutôt par de l’ignorance. Mais en karting, c’était différent. On était plus jeune et les garçons essayaient clairement de me détruire mentalement avant chaque course. Ils me disaient « tu ne peux pas gagner, c’est impossible », seulement parce que j’étais une fille. Ils étaient très fermés d’esprit. Et pour dire la vérité, même certains entraîneurs avaient cette façon de voir les choses. Pour eux, le simple fait d’être une femme pouvait remettre la victoire en question. Mais c’est aussi pour ça que je suis fière de faire partie de ce championnat exclusivement masculin. Je veux montrer aux autres femmes qui ont envie de percer dans le haut-niveau du sport auto que c’est possible !
COMMENT FAIRE SA PLACE ?
J’essaie de faire ma place en piste, parce qu’il n’y a que comme ça que ça se joue. En revanche, s’il y a des hommes qui viennent me détruire directement, je me défends, je ne reste pas dans le silence. Il faut faire preuve de caractère. Moi, j’en fais ma force, et ils ne me déstabilisent pas. J’ai aussi la chance d’être bien entourée, mes parents sont toujours à mes côtés.
QUELS OBJECTIFS AFFICHES-TU CETTE SAISON ?
Cette première année, l’objectif est de progresser et d’apprendre. En Formule 4, on a la chance de pouvoir participer au championnat plusieurs années de suite. Si les sponsors me suivent et que j’ai l’opportunité de concourir en F4 l’an prochain, je me fixe un objectif simple : le titre.
LA FORMULE 1 RESTE TOUJOURS TON OBJECTIF ULTIME ?
Bien sûr ! J’espère atteindre le plus haut niveau possible en monoplace.