2002. Cécile Hernandez se réveille. Ses jambes ne répondent plus. Après une batterie d’examens, le verdict est sans appel : la jeune femme est atteinte de sclérose en plaques. Depuis, la snowboardeuse handisport, triple médaillée paralympique, fait de cette maladie un combat. Pour elle comme pour les autres. PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°22.
Marraine du Téléthon 2020, Cécile Hernandez hausse la voix. « Osez, bougez. Bougez à votre manière » : Cécile Hernandez ne cessera jamais de vous motiver. Mais avant d’en arriver à cette philosophie de vie, la sportive a eu besoin de temps, beaucoup de temps, « 10 ans pour être précise ». Une fois le diagnostic posé, ses rêves se sont écroulés. « On m’a dit qu’il fallait que je tire une croix sur le sport. Ça a été vrai- ment compliqué. » Mais, après avoir été invitée sur un raid, Cécile Hernandez a un déclic.
« Cette course regroupait des per- sonnes valides et des personnes en situation de handicap. Je me suis rendue compte que les personnes handicapées faisaient du vélo, certes de manière différente, mais elles en faisaient quand même. Lorsque j’ai essayé le vélo couché, j’ai compris que moi aussi, je pouvais. Au retour de ce raid, j’ai recommencé à courir en piscine, sur trampoline. J’ai recommencé à faire du vélo. Ce n’était pas facile, ma fille en faisait mieux que moi. Je tombais… mais je me suis relevée, encore et en- core, et j’ai retrouvé cette passion. Personne ne m’avait parlé du handisport auparavant. Cela a été un déclic. »
« Il y a une vie avec le handicap qui peut être belle ! »
Depuis, Cécile Hernandez prête son image pour de nombreuses causes, la lutte contre la sclérose en plaques, mais pas seulement. Elle est ainsi présente sur des événements partout en France : des courses, des trails… «Je veux dire aux gens que le sport c’est possible ! Ça l’est simplement autrement. Si je pou- vais leur donner un conseil, c’est qu’il ne faut « simplement » pas chercher à comparer notre situation actuelle à celle d’avant. Ce sont deux choses complètements différentes. » Un discours qui reflète son vécu. « Ce n’est pas facile de se dire qu’il va falloir arrêter de se comparer, accepter nos nouveaux corps avec ses limites, mais l’important c’est de repousser ses limites sans pour autant se mettre en danger. Oui, ça peut être dur ce qui nous arrive, mais il y a une vie avec le handicap qui peut être belle. Malgré les douleurs, aujourd’hui je peux le dire : je n’échangerais pas ma vie avec une vie de valide. »
« 80 % des handicaps sont invisibles »
Aux Jeux Paralympiques de Sotchi (2014), Cécile s’est fait connaître en tant que sportive. Mais en 2018, Pyeongchang lui a aussi permis de montrer la réalité de sa maladie. « Après les qualifications, mes jambes ont commencé à me jouer des tours. Je suis tombée en demi-finale. » Une chute qui a montré au monde l’évolution rapide du handicap. « Au sein d’une même journée sportive, mes jambes peuvent me lâcher. C’est ça, la réalité de la sclérose en plaques. Aujourd’hui, 80 % des handicaps sont invisibles. Ce n’est pas parce que je ne suis pas en fauteuil roulant que je ne suis pas handicapée. Il faut faire évoluer ce regard et arrêter les stigmatisations. »