Ophélie David a eu une carrière sportive bien remplie. Après des débuts en ski alpin, la Savoyarde s’est lancée avec succès dans le skicross. Elle est devenue l’une des plus grandes athlètes de cette discipline appartenant au ski acrobatique. Désormais loin des pistes mais toujours accro au sport, la souriante Franco-Hongroise revient sur sa formidable carrière, à l’approche des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin qu’elle commentera sur les antennes d’Eurosport. PROPOS RECUEILLIS PAR KÉVIN CARRIERE. Extrait du WOMEN SPORTS N°23.
COMMENT ÊTES-VOUS DEVENUE UNE CHAMPIONNE DE SKI ?
J’ai toujours été passionnée de ski. C’est vraiment un sport qui m’a collé à la peau immédiatement, même si lorsque j’étais petite fille, le skicross n’existait pas. Donc je ne me suis jamais projetée dans cette carrière que j’ai eu la chance de vivre.
COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU VOTRE MATERNITÉ DURANT VOTRE CARRIÈRE DE SKICROSSEUSE ?
Je pense que j’étais la seule du circuit. Cela reste encore exceptionnel, on est une poignée d’athlètes à être en compétition et maman. On pense que c’est un problème sur le plan physiologique mais ce n’est pas vrai du tout, le corps est une machine fantastique. Les maternités sont complète-ment compatibles avec une carrière sportive. Moi, j’y ai trouvé énormément de force et de motivation. Quand je laissais ma petite à la maison pour faire mes courses de ski, pendant plusieurs semaines loin d’elle, je peux vous dire que quand j’étais au départ j’avais les crocs qui rayaient le parquet, parce que je ne voulais pas l’avoir quittée pour rien.
QUEL EST VOTRE MEILLEUR SOUVENIR ?
J’ai deux meilleurs souvenirs. Le premier, c’est quand Méryll Boulangeat et moi on s’est retrouvées première et deuxième au championnat du monde en Italie (2007). Le deuxième c’est quand Valentine Scuotto est venue compléter le podium. Cette fois-ci c’était à Aspen, aux X-Games, en 2007 également. Franchement de partager un podium avec vos équipières, c’est juste grandiose.
AVEZ-VOUS ÉTÉ TRAITÉE DIFFÉREMMENT PARCE QUE VOUS ÉTIEZ UNE FEMME ?
Le ski et la montagne, ce sont des milieux masculins, on ne va pas se mentir. Mais par contre ce ne sont pas des milieux de machos. Je pense que lorsque l’on se frotte à la nature, qui est forcément plus forte que nous, on se fait tous remettre à notre place. Les seules fois où finalement j’ai été confrontée à une différence de traitement parce que j’étais une femme c’est au niveau des contrats. Ces différences au niveau de la Fédération Internationale de Ski (FIS) ont été gommées au fil des ans. Aujourd’hui, je les félicite, les femmes ont les mêmes primes de course que les hommes.
AVEZ-VOUS UNE PHILOSOPHIE DE VIE ?
Je suis une grosse rêveuse. Je rêve haut et fort mais je me débrouille pour essayer de les réaliser. Du coup, il y a une phrase que j’adorais, c’est : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles ».
QUEL MESSAGE DONNERIEZ-VOUS AUX PETITES FILLES QUI VOUDRAIENT FAIRE COMME VOUS ?
Foncez les filles, ne vous interdisez rien ! Le pire ennemi est souvent soi-même parce que l’on s’autocensure beaucoup. N’ayez pas peur de ces grands rêves et faites ce premier pas.
DE QUOI ÊTES-VOUS LA PLUS FIÈRE ?
Je pense que c’est ma longévité parce que gagner n’est pas simple, mais durer ça l’est encore moins. J’ai eu la chance pendant toute ma carrière d’une durée de 15 ans de tutoyer le sommet avec des podiums, des victoires… C’est une fierté.
VOUS CONSIDÉREZ-VOUS COMME UNE SOURCE D’INSPIRATION POUR LES JEUNES ?
« C’est en te voyant faire, ça m’a donné en-vie… » Quand quelqu’un vient vous dire ça, c’est un cadeau incroyable, c’est juste fou.
AVIEZ-VOUS DES SUPERSTITIONS AVANT LES COMPÉTITIONS ?
Je suis assez tête de linotte. Il m’est arrivé d’oublier mes skis en partant pour une course de ski, pour vous dire le niveau ! Donc je n’avais pas de grigris parce que je me disais que j’étais capable de les oublier. Je ne pouvais pas m’attacher à un objet puisqu’il m’arrivait souvent de les « paumer » (rires).
Ophélie David – EN BREF
Née le 6 juillet 1976 à Cucq dans le Nord Pas-de-Calais, Ophélie David a eu un « parcours un peu bizarroïde et tumultueux » selon ses mots. Une première partie de carrière en ski alpin avec les Jeux Olympiques de Lillehammer en 1994 sous les couleurs de la Hongrie, nation de son père basketteur. Puis une immense seconde partie de carrière cette fois-ci en skicross, avec la nationalité française. Véritable pionnière de cette nouvelle discipline à l’époque, elle remporte sept fois la Coupe du monde de la spécialité. Ophélie David devient également championne du monde de skicross en 2007.
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