Le sport féminin et les inégalités : un combat qui traverse les âges. Depuis les années 90, ce sujet est même devenu politique. Les progrès sont réels, mais le chemin à parcourir est presque aussi long que celui déjà parcouru. Top 5 des raisons qui montrent qu’il y a du mieux, mais que la bataille est loin d’être gagnée. Par Ruben Dias. Extrait du WOMEN SPORTS N°23.
1 – JO : LA PARITÉ… EN 2024
Paris 2024 : les Jeux de la parité. En 2020, le CIO l’a annoncé, pour la première fois de l’histoire des JO, il y aura autant d’hommes que de femmes parmi les engagés. Une première certes, mais une première qui fait aussi réfléchir. Parce que si elle est dans l’air du temps, cette parité a mis plus de 125 ans à arriver ! Cependant, on notera le joli clin d’œil historique : c’était déjà à Paris, en 1900, que les femmes ont fait leur première (furtive) apparition aux Jeux Olympiques.
2 – LES JOUEUSES DE BEACH HANDBALL NE SONT PLUS OBLIGÉES DE JOUER EN BIKINI, MAIS…
Enfin. Contraintes jusqu’en octobre 2021 de jouer en bikini, les joueuses de handball de plage ont désormais le choix. La Fédération internationale (IHF) a modifié son règlement. Ce dernier impose tout de même aux femmes de jouer avec des « shorts courts et serrés ». Contrairement… aux hommes. La seule bonne nouvelle est que pour le haut du corps, l’accoutrement exigé est le même, peu importe le genre. Quand on en vient à se réjouir de cela… c’est que la route est encore longue et sinueuse.Pour rappel, la commission de discipline de la EHF avait infligé une amende de 1 500 € à l’équipe norvégienne en juillet dernier, alors que les joueuses portaient une tenue similaire à celle qui est désormais autorisée.
3 – 36 FÉDÉRATIONS OLYMPIQUES, TROIS FEMMES DIRIGEANTES…
Elles ne sont que deux femmes à la tête d’une fédération olympique en 2022, sur trente-six instances. Seuls les sports de glace, hockey sur gazon et ski sont présidés par des femmes : Nathalie Péchalat, Isabelle Jouin et Anne-Chantal PIGELET GREVY. Un paradoxe, alors que certains sports comme la gymnastique ou l’équitation sont majoritairement pratiqués par des femmes. Pas question ici d’affirmer qu’un sport plus pratiqué par les femmes doit être dirigé par une femme et inversement. Mais simplement une illustration de la faible représentation féminine dans les instances dirigeantes sportives. Gageons que l’élection de Brigitte Henriques à la présidence du CNOSF (Comité national olympique et sportif français) inspirera les électeurs de chaque fédération…
4 – LA MÉDIATISATION DU SPORT FÉMININ ENCORE À LA TRAÎNE…
Comme chaque année depuis 2014, le CSA a organisé la journée internationale du sport féminin, en 2021. Une opération pour rendre visible la place des femmes dans le sport. Et malheureusement, les chiffres rappellent que la progression est lente, voire à l’arrêt. En 2012 il n’y avait que 7 % des diffusions sportives consacrées au sport féminin. Ce chiffre a progressé jusqu’en 2016… avant de stagner…. et régresser ! Selon les chiffres du CSA, cette part est passée de 20 % de 2016 à 18,5 % en 2020… La Coupe du monde de football féminine organisée en France en 2019 et diffusée en prime time sur TF1 avait signé des pics d’audience qui laissaient beaucoup d’espoir. Hélas, ces espoirs sont déçus.
5 – AGRESSIONS SEXUELLES : LE FOOTBALL N’ÉCHAPPE PAS À LA TOURMENTE…
L’Australienne Lisa de Vanna, attaquante vedette des Matildas, a avoué au Sydney Daily Telegraph avoir subi des propositions déplacées dans les douches des vestiaires de la part de ses propres équipières. L’attaquante vénézuélienne de l’Atlético Madrid, Denya Castellanos, a diffusé sur ses réseaux sociaux un texte cosigné par 23 compatriotes footballeuses : « Nous avons décidé de rompre le silence pour éviter que les situations d’abus et harcèlement physiques, psychologiques et sexuels commis par l’entraîneur de football Kenneth Zseremeta (sélectionneur national) ne fassent d’autres victimes. » Au sein de la Ligue féminine nord-américaine, Paul Riley a été licencié des North Carolina Courage à la suite d’accusations de violences sexuelles émises par des joueuses de son ancien club, les Portland Thorns…