Fiona Ferro, 25 ans, s’était révélée au grand public en atteignant les huitièmes de finale de Roland-Garros en 2020. Elle incarne le renouveau du tennis féminin français. Dans cet entretien, elle se livre sur son histoire atypique et sur ses ambitions. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LES ÉQUIPES D’EUROSPORT – RETRANSCRIPTION PAR JIMMY ABOU AKL. Extrait du Women Sports N°27.
EUROSPORT / WOMEN SPORTS : QU’EST CE QUI T’A DONNÉ ENVIE DE JOUER AU TENNIS ?
FIONA FERRO : Ce qui m’a motivée était la volonté de partager des émotions fortes avec ma famille. Il n’y a que le ten- nis qui peut me faire vivre ça. Je pense que c’est une de mes ambitions pro- fondes, de pouvoir partager des grands moments, des grandes émotions, comme j’ai pu le vivre lors de l‘édition 2020 de Roland-Garros. C’est ce qui me « drive » au quotidien.
ÉTAIT-CE TON RÊVE DE DEVENIR CHAMPIONNE DE TENNIS ? COMMENT S’EST -IL MATÉRIALISÉ ?
Oui, j’ai eu ce rêve très tôt puisque j’ai été déscolarisée à l’âge de 10 ans et j’ai commencé à m’entraîner de manière très intensive avec deux entraînements par jour. Ça a été l’objectif dès le départ. Mon rêve a toujours été de gagner Ro- land-Garros. J’essaye de tout mettre en œuvre pour pouvoir l’atteindre un jour.
TU AS ÉTÉ JETÉE DANS LE BAIN TRÈS TÔT. EST-CE-QUE, DÈS TES 10 ANS, TU AS SU QUE C’ÉTAIT TON DESTIN OU IL Y A EU UN AUTRE DÉCLIC ?
Évidemment, il y a eu plein de moments de doute, mon parcours a été semé d’embûches. À 10 ans, je ne doutais pas trop. Pour moi, c’était comme une évidence, j’allais y arriver ! Ensuite, j’ai connu une période, entre 16 et 20 ans, où c’était plus compliqué. Je stagnais entre la 200e et 300e place, donc for- cément, à ce moment-là, on se remet en question. On se demande aussi s’il ne faut pas faire autre chose à côté du tennis, si on détient vraiment les pos- sibilités pour réussir. Mais j’ai réussi à trouver un équilibre dans ma vie privée qui m’a permis d’être plus épanouie sur le court.
QUELLE EST LA PLUS GRANDE FIERTÉ DE TA CARRIÈRE À L’HEURE ACTUELLE ?
Le plaisir de jouer et les valeurs que j’essaye de véhiculer sur le court, je dirais. Le courage, la détermination, le dépassement de soi, la passion. Je pense que ces valeurs sont ma plus grande fierté.
TU PARLAIS DE ROLAND-GARROS. C’EST AUSSI UN RÊVE D’UN JOUR SOULEVER LA COUPE SUR LE COURT CENTRAL ?
Oui évidemment, en plus je m’entraîne là-bas tous les jours. Donc forcément, même à 24 ans, lorsque je passe devant, je m’imagine y jouer. Après, il s’est déjà en partie réalisé puisque j’ai eu quelquefois l’occasion de jouer des matches sur le Philippe Chatrier. Même si c’était durant une période de restrictions Covid et qu’il n’y avait que 1 000 personnes. Cela m’a permis d’avoir un avant-goût de ce que cela représentait, si un jour j’arrivais à passer des tours supplémentaires et à franchir les dernières étapes du tournoi.
QU’EST-CE QUE TU DIRAIS À UNE JEUNE FILLE QUI A LES MÊMES RÊVES QUE TOI ? QU’EST-CE QUE ÇA TE FAIT D’ÊTRE UNE SOURCE D’INSPIRATION POUR PLEIN DE JEUNES FILLES ?
En réalité, je n’en ai jamais vraiment eu conscience jusqu’au Roland-Garros 2020, où j’avais entendu que des jeunes s’étaient inscrits dans des clubs et ont eu envie de jouer au tennis grâce à Hugo Gaston et moi. Évidemment, ça représente une énorme source de fierté lorsque j’entends cela. Et le message que j’aurais envie de transmettre, c’est de s’éclater et de prendre un maximum de plaisir sur le court. Et si vous aspirez à une carrière professionnelle, ne négligez pas votre équilibre en dehors car c’est ce qui vous permettra d’être épanoui dans votre sport.
TU AS DIT QUE TU AS SACRIFIÉ TON PARCOURS SCOLAIRE POUR TE CONSACRER AU TENNIS. QUE DIRAIS-TU AUX PARENTS DONT L’ENFANT POSSÈDE CE RÊVE D’ÊTRE PROFESSIONNEL ?
Je leur dirais de rester disponible, même si ce n’est pas simple lorsqu’on a un travail à côté. Il faut les soutenir et rester vigilant car c’est vrai que socialement, on est assez rapidement isolé. Le tennis est un sport très médiatisé et on obtient beaucoup d’argent lorsqu’on arrive au top, sauf que peu réussissent à y avoir accès. Donc je pense que c’est important d’avoir un appui moral à côté car ce n’est pas toujours facile.
Fiona Ferro, en bref
Née le 12 mars 1997 en Belgique, Fiona est une joueuse de tennis professionnelle française. Elle a remporté deux titres en simple (Lausanne et Palerme) sur le circuit WTA et quatre sur le circuit ITF, ainsi que la Fed Cup en 2019 avec l’Équipe de France. Actuellement 116e, elle atteint le meilleur classement de sa carrière le 8 mars 2021 en occupant le 39e rang WTA. Elle est sponsorisée par Lacoste, Yonex et WellJob. Elle se décrit comme une joueuse complète, rapide et créative, déterminée à se battre pour chaque point jusqu’à la fin. Son coup préféré est le coup droit et son tournoi préféré est Roland-Garros, mais elle apprécie jouer sur toutes les surfaces.