C’est la traduction littérale de la marque Wizwedge. Un concept si fort et avant-gardiste qu’on a tenu à en savoir davantage. D’autant que le concepteur s’est longuement tourné vers le CTC pour mettre sur pied sa chaussure avec wedge. Rencontre.
Deux ans, c’est le temps qu’il aura fallu au créateur de la marque pour développer son premier modèle. Avant de frapper à la porte du CTC (Comité professionnel de développement économique de la filière cuir), le fondateur de Wizwedge avait potassé son sujet. Il faut dire que la particularité du produit Wizwedge n’était pas une mince affaire à conceptualiser.
25 ans de culture dans la gestion des blessures
La marque Wizwedge a vu le jour et grandit là où officie Jean-Luc Guer, à Marseille. Si l’entreprise a ouvert en 2012, 6 ans de développement et de réflexion auront été nécessaires avant qu’une micro-collection ne sorte au showroom.
Qui se cache derrière ce concept innovant ? Jean-Luc Guer, un passionné de la première heure ! Podologue du sport depuis plus de 25 ans, notamment à l’Olympique de Marseille. Spécialisé dans la recherche en biomécanique, en podo-ostéopathie et en course à pied, il a cherché à apporter une solution au pied des sportifs blessés à répétition. « Aujourd’hui, dans les protocoles, ce n’est pas tant la prise en charge de la blessure qui pose souci aux kinés, ostéos, médecins du sport, mais la récidive. Or, 80 % de ces blessures sont orientées sur la chaîne postérieure – tendon d’Achille, fessier, lombaires… »
C’est pour mieux éclairer cette chronicité que Jean-Luc Guer s’est penché sérieusement sur la question en répondant avec un produit. « La chaussure est un outil, du moment qu’elle est bien dimensionnée et qu’elle répond aux critères de technicité pour ne pas se blesser ». C’est alors que le podologue décide de s’affairer en premier à la chaussure de foot, « la plus obsolète » selon lui.
Pour en savoir plus sur ce type de chaussage et les matériaux employés, il part avec son baluchon en Asie, avant de se tourner vers le CTC pour apprendre toute la culture du chaussage, académique et théorique (calcéologie). Analyser la chaussure en vue éclatée lui a permis de comprendre l’importance de chaque paramètre.
Un petit poucet face à de grands équipementiers
Pourtant, Wizwedge n’a pas à rougir face aux plus grands en termes de technicité, d’innovation et de réactivité. C’est comme ça que la marque a équipé les pro de la course à pied, du Top 14…
Dans les chaussures traditionnelles, depuis le début du siècle dernier, une talonnette est placée dans la chaussure pour rééquilibrer la posture mais provoque une perte d’espace. La chaussure Wizwedge a une configuration particulière. Sous le niveau 0, sorte de « parking souterrain de la chaussure », une talonnette amovible est lovée dans un creux.
Ajouté à cela une lame dynamique en carbone brevetée qui optimise la foulée. « Le centre de gravité n’est pas perturbé, mais on déleste la chaîne postérieure. Ce qui fait dans la pratique du foot 80 % de vibration en moins dans le muscle et 30 % de renvoi », se félicite le fondateur.
La structure de la chaussure offre un « drop » (surélévation) amovible. Toutes les chaussures proposent 3 types de drop : amorti, neutre, et dynamique. Les gels sont dimensionnés par rapport au poids, ce qui a demandé d’étudier les morphotypes de près. Pour limiter les pièces, les wedges ont été regroupés sur 4 pointures.
Une méthode transposée au rugby, au trail, au fitness. Mais pour ça il a fallu du temps ; environ 18 mois de travail pour mettre sur pied un nouveau modèle.
Des rencontres, des appuis, des références
❱ LE CTC
« Jean-Luc avait testé son prototype de manière empirique sur le plan technique avant de venir nous voir au CTC », se souvient Christophe Cumin, responsable du département chaussure. Il s’est tourné vers CTC pour l’aider à développer son concept industriellement. « Nous l’avons même accompagné pour la fabrication des 1 000 premières paires. Il lui aura fallu 2 ans et demi pour mettre sur pied son premier modèle foot de production en Italie. Le développement du concept adapté au trail a dû se faire en Chine », ajoute le responsable.
Une belle collaboration que félicite Jean-Luc Guer : « Christophe Cumin, c’est une sommité. Pour moi, il est le plus grand spécialiste de la chaussure en France. J’ai eu la chance de rentrer dans ses cartons. Pour lui, les données sont micrométriques. On a mêlé nos cultures, nos techniques ».
❱ LE LABO AIX-MARSEILLE
Jean-Luc et ses équipes ont cherché à obtenir une expertise scientifique de l’impactologie. Ils se sont tournés vers le laboratoire de biomécanique appliquée de l’université d’Aix-Marseille (LBA). Leurs travaux de recherche, en matière de trauma de la sécurité routière par exemple, leur permet de transposer les microtraumatismes, pour ensuite trouver les matériaux fiables, protecteurs, durables.
Interview flash de Jean-Luc Guer, le créateur de Wizwedge
Les chaussures Wizwedge sont-elles différentes pour homme et femme ?
On les a conçu plus enveloppantes pour le pied féminin, afin d’avoir une approche plus précise de l’équilibre général de la femme, qui est différent de celui de l’homme sur les plans ligamentaire, de tonicité musculaire, de bassin, de stabilité du genou et d’appui sur les chevilles.
Est-ce que ces chaussures empêchent de porter des semelles orthopédiques ?
Elles n’ont pas une vocation de correction individualisé comme un podologue le ferait. Elles peuvent tout à fait loger une semelle orthopédique, une fois la semelle de propreté ôtée.
Quels sont les principaux effets escomptés des Wizwedge?
Soulager, protéger, réduire les contraintes sont les missions principales des Wizwedge, pensées comme un produit de sport santé bien-être.