Maryse Ewanjé-Épée / Éditions En Exergue, 240 pages (dont 100 photos originales), 35 euros
1. Parce que ce livre sur Jesse Owens est absolument magnifique
Tant sur le fond que sur la forme. L’ancienne recordwoman de France du saut en hauteur, devenue chroniqueuse sur RMC Sport et Canal+ Afrique, dispose d’une plume rare et conte l’itinéraire de ce personnage atypique avec une verve et un talent d’écriture indéniables. Ce beau livre de 240 pages, à la couverture cartonnée, tiré à seulement 6 000 exemplaires, agrémenté de superbes images des collections privées de la Jesse Owens Foundation et du Musée Jesse Owens d’Alabama, s’illustre aussi par sa couleur : orange. « Une couleur qui évoque la terre foulée par les coureurs ».
2. Parce que ce livre a bien failli ne jamais voir le jour
Au moment de la parution au mois d’avril 2016 de « Jesse, la fabuleuse histoire de Jesse Owens », sa maison d’édition Jacques-Marie Laffont se retrouve en liquidation judiciaire. « Le problème, et non des moindres, c’est que les ouvrages étaient déjà prêts. L’imprimeur avait réalisé un travail exceptionnel. Mais tout était bloqué ! Il ne me restait plus qu’une seule chose à faire : racheter le stock. » Durant les derniers Jeux de Rio, Maryse Ewanjé-Épée lance donc une campagne de financement participatif pour sauver la publication de l’ouvrage et rassembler la somme nécessaire à la libération du stock à prix coûtant et à l’acquittement des droits de reproduction des photos.
3. Parce que la vie de Jesse Owens est palpitante
James Cleveland Owens alias Jesse, fils de métayer et petit-fils d’esclave né en Alabama, s’est imposé comme l’un des plus grands athlètes de l’histoire. Héros des Jeux de Berlin 1936, le multi-recordman du monde devint également un symbole au cœur de la période ségrégationniste la plus rude de l’histoire des Etats-Unis. En un après-midi, Jesse Owens a battu ou égalé six records du monde. Un an plus tard, aux Jeux Olympiques de Berlin 1936,
il remporte quatre médailles d’or aux
100 mètres, 200 mètres, 4×100 mètres et au saut en longueur, sous les yeux d’Adolf Hitler et des caméras de Leni Riefenstahl. De retour de Berlin en 1936, Jesse Owens n’est pas reçu à la maison Blanche comme ses coéquipiers blancs et c’est par l’ascenseur de service réservé aux Noirs qu’il se rend à la soirée de célébration olympique. Pire, le héros de Berlin est exclu de la scène internationale pour « faits de professionnalisme ». Pour survivre, il tente toutes les carrières : artistique, politique ou commerciale. Sa vie trépidante et incroyable croise celles de Joe Louis, de Clark Gable, de Martin Luther King, de John Carlos et Tommie Smith et même du FBI !
4. Parce que Jesse Owens a inspiré bien des carrières dont celle de l’auteure de ce livre
Si Maryse Ewanjé-Epée s’est lancée dans une carrière d’athlète internationale en devenant une grande spécialiste du saut en hauteur, c’est en partie grâce à Jesse Owens. Celui qu’elle qualifie aujourd’hui de « héros » l’a inspirée durant toute sa carrière. Et son palmarès est impressionnant puisqu’elle détient le record de France du saut en hauteur entre 1983 et 2007 (1,96 m) et a pris part aux Jeux Olympiques de Los Angeles (1984) et de Séoul (1988). Lors de sa campagne de financement, l’ancienne championne écrivait d’ailleurs : « Monsieur Owens, je vous porterai encore et toujours au plus profond de mon ADN d’athlète ». Fort !
5. Parce qu’il en faut du courage pour rédiger une biographie aussi fouillée de Jesse Owens
« J’ai toujours été passionnée par les biographies des grands personnages, quels qu’ils soient, explique Maryse Ewanjé-Epée. Pour plonger au cœur de cette histoire incroyable, je me suis documentée pendant des mois. J’ai rencontré la famille Owens et même eu accès aux archives du FBI. C’était très intense. Je dormais 2 à 3 heures par nuit, passais mes journées au téléphone ou sur internet. A un moment donné, j’avais rassemblé tellement d’informations que je ne savais plus quoi faire de mes écrits… J’ai pris peur. Je pensais raconter une histoire sportive. Or, je me suis aperçue qu’elle ne durait finalement que deux ans. Et que les 30 autres années, totalement méconnues du grand public, étaient extraordinaires. »