Comment faire d’un événement tragique une force, un moteur, et de nouvelles ambitions ? Constance a perdu son père alors qu’elle était âgée de 9 ans. Événement tragique, dont vont découler d’autres défis. Rencontre avec celle qui a gravi les plus hauts sommets pour accomplir la dernière volonté de son père : y répandre ses cendres. PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°31.
C’est la découverte d’une lettre qui va chambouler sa vie. Il y a deux ans et demi environ, Constance tombe sur un écrit, laissé par son père, décédé lorsqu’elle avait 9 ans d’un cancer du pancréas. « Mon papa, avec qui j’entretenais une relation très fusionnelle, a écrit qu’il voulait que ses cendres soient dispersées sur les 7 sommets », explique Constance. « J’ai été très étonnée, je n’avais pas du tout connais- sance de ce projet. J’en ai parlé à ma mère, et j’ai compris que ma famille et les amis de mon père étaient tous au courant. Sauf moi. Mais je ne savais pas non plus ce que ces 7 sommets signifiaient vraiment. »
Loin d’elle l’idée de se plonger dans ce défi. Pourtant, Constance ne le sait pas encore, mes ces mots vont bouleverser son existence. « Il s’avère que je partais deux mois plus tard en Afrique, pour un voyage humanitaire. Et il se trouve que j’étais proche du Kilimandjaro. Je me suis dit ‘Pourquoi pas me lancer dedans, il parait que c’est accessible’. » L’expérience s’est « tellement bien passée », que notre alpiniste en herbe a pris la décision de continuer.
Un combat personnel devenu collectif
Constance est un petit bout de femme pétillante, sensible, et combattante. En fait, il semblerait que rien ne puisse lui résister. Son défi, au départ personnel, va vite devenir bien plus que ça. « J’ai appris par la suite que mon père avait le projet de faire les 7 sommets pour être un modèle pour les personnes atteintes d’un cancer, et que ça allait beaucoup plus loin que ‘‘juste‘‘ disperser ses cendres », nous confie-t-elle. « Donc je me suis dit ‘Moi aussi, si je fais les 7 sommets, il ne faut pas que je le fasse juste pour une raison personnelle’. »
De là, aussi coriace que son papa, Constance fait germer une idée. « J’ai créé ma propre association pour les enfants qui ont un parent malade, ou qui, comme moi, ont perdu un parent. Faire les 7 sommets permettait ainsi de faire ce que mon père souhaitait, mais aussi de mettre en avant mon association, et cette cause qui me tient à coeur. »
Après le Mont-Blanc, le Kilimandjaro et l’Aconcagua, cap sur…
C’est ainsi, pleine d’ambition, que Constance s’est lancée dans ce qui est vite devenue « sa mission » : « Après le Kilimandjaro, on a fait le Mont-blanc. J’avoue que je ne m’y suis pas vraiment préparée. Après avoir fait du ski de haut niveau pendant 10 ans, on a un besoin de faire continuellement du sport. J’avais ainsi une bonne condition physique. Donc, assez étonnamment, le Mont-Blanc a été assez facile à grimper (rires) ». Un deuxième sommet placé sous le signe de l’émotion. « Ce que j’ai ressenti en arrivant en haut, c’était une immense connexion avec mon père. Je suis arrivée là-haut pour lui. Une fois ici, en sachant que lui aussi avait le projet de faire le Mont-blanc, c’était forcément très fort. », continue-t-elle.
L’aventure, Constance l’a continuée en montant l’Aconcagua, plus haut sommet d’Amérique du Sud, à 7 000 m. « Le cerveau ne fonctionne plus vraiment normalement à cette altitude-là. Ça a été très difficile, j’ai cru qu’on n’y arriverait jamais ! Alors, quand on est arrivé en haut, je n’ai pas vraiment eu les émotions que j’aurais aimé ». Pourtant, la jeune femme de 25 ans ne compte pas s’arrêter là. « On doit retenter le Denali, (plus haut sommet d’Amérique du Nord), en juin prochain. Il y a aussi le Puncak Jaya en Papouasie-Nouvelle Guinée, qui reste à faire, l’Everest, le plus haut sommet du monde, le Mont Vinson, plus haut sommet d’Antarctique et L’Elbrouz, qui est le plus haut sommet d’Europe, en Russie. »
Mais tout ça a un prix. Et des contraintes. « Initialement on voulait faire ça en trois ans, mais je me porte à un gros problème de budget. La total des 7 sommets représente 300 000 euros. Malheureusement, je ne les ai pas dans ma poche. Je pensais que ça allait être facile de trouver des sponsors, mais malgré la visibilité du pro– jet, ça reste difficile… J’aimerais terminer le projet en 2026 ou 2027. »
Pour contacter l’association 7 Sommets Contre la Maladie : 7sommets.constance@gmail.com.
LES RÉSEAUX SOCIAUX, UNE IMPORTANCE MAJEURE
« Les réseaux sociaux, c’est à la fois pour partager mon histoire, mais aussi pour mettre en avant mon projet des 7 sommets, mon association, ainsi que les projets mis en place pour les enfants. On a été à Roland-Garros, au Tour de France, aux Championnats du monde de ski, à l’Olympique Lyonnais, au LOU Rugby… on a fait énormément de projets pour les enfants, et c’est aussi grâce aux réseaux sociaux qu’on peut mettre autant de choses en place. Avec l’association, on bosse avec trois hôpitaux, à Lille, à Lyon et à Strasbourg, mais les familles qu’on accompagne aujourd’hui nous contactent via les réseaux sociaux. »