Avec Arkema, namer de l’élite du football féminin français depuis 2019, la Fédération Française de Football a récemment orchestré un changement de nom pour le championnat devenu « Arkema Première Ligue ». Directeur de la Communication et grand artisan du rapprochement du groupe chimique avec le football féminin, Gilles Galinier nous explique la stratégie d’Arkema et ses ambitions pour le ballon rond au féminin. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK. Extrait du WOMEN SPORTS N°35.
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WOMEN SPORTS : QUELLE EST L’HISTOIRE DU PARTENARIAT ENTRE ARKEMA ET LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE FOOTBALL POUR LE FOOTBALL FÉMININ ?
GILLES GALINIER : Tout a commencé en 2018 lorsque la FFF nous parle de la Coupe du monde de football féminine 2019 qu’elle s’apprête à organiser. A l’époque, il y a un grand enjeu de féminisation dans le monde de la chimie, qui est un univers encore très masculin. Les thèmes de l’inclusion et de la diversité sont très présents dans nos débats internes. Nous étions sponsors dans la voile, dans une logique technique : dé- montrer notre savoir-faire technologique sur les matériaux de pointe. La visibilité mondiale qu’offre une Coupe du monde nous intéresse dans ce moment où Arkema veut renforcer son discours de la place des femmes dans l’industrie et dans la chimie. Le rapport qualité prix est intéressant et la plupart des stades qui accueillent ce Mondial féminin en France sont proches de plusieurs de nos sites industriels, ce qui nous permet de monter des activations très pertinentes. Dans la foulée de cette Coupe du monde réussie, nous poursuivons nos échanges avec la FFF et devenons le premier « namer » de la D1 féminine qui devient « D1 Arke- ma ». Nous signons un premier contrat pour la période 2019-2022. Malgré le Covid, c’est un succès et nous décidons de renouveler en 2022 pour trois saisons supplémentaires, jusqu’en 2025, motivés notamment par le fait que la FFF ait mis un coup de boost supplémentaire au football féminin, avec notamment la création d’une Ligue dédiée, présidée par Jean-Michel Aulas. Parallèlement, nous sommes devenus partenaire de l’Equipe de France féminine pour le Mondial 2023, les JO 2024 et l’Euro 2025. Nous sommes la seule marque qui est unique- ment sponsor de l’équipe de France féminine, parmi les partenaires FFF. Durant cette période 2018-2025, nous avons investi plus de 10 millions d’euros au total et sommes devenus un partenaire incontournable du football féminin français. Des discussions sont en cours avec la FFF pour prolonger notre partenariat au-delà de 2025.
POURQUOI AVOIR CHANGÉ LE NOM « D1 ARKEMA » EN « ARKEMA PREMIÈRE LIGUE » ?
La FFF a souhaité moderniser la ligne graphique, placer la marque Arkema en première position, remplacer la notion de « Division » un peu désuète par celle de « Ligue », plus moderne et plus « premium ». Enfin, le terme « Première Ligue » est un clin d’œil à la « Premier League » anglaise qui est le plus prestigieux des championnats masculins. D’ailleurs, il faut refaire de l’Arkema Première Ligue le meilleur championnat féminin d’Europe, car les ligues féminines espagnole et anglaise ont beaucoup investi.
EN TANT QUE SPONSOR PRINCIPAL DU FOOTBALL FÉMININ PROFESSIONNEL, QUELLES SONT VOS EXIGENCES ?
Nous sommes un partenaire actif et très impliqué dans le développement du foot- ball féminin français. Nous avons des discussions très proactives avec les instances. Nous sommes partie prenante de tout ce qui est mis en place sous la houlette de Jean-Michel Aulas : la professionnalisation, la formation, le statut et la protection sociale des joueuses, etc. Nous sommes également exigeants sur la visibilité du championnat, sa diffusion TV, la qualité du spectacle proposé. Si l’éclairage d’un stade n’est pas satisfaisant, une rencontre peut être programmée dans l’après-midi. L’argent qu’on met va directement aux clubs, pour qu’ils se développent et aient les moyens de répondre aux exigences accrues de la ligue, du diffuseur et du « namer » que nous sommes. Depuis le début de notre contrat de « naming » en 2019, la dynamique a été relancée, on constate une hausse des licenciées, le niveau du championnat augmente, etc. Plus il y aura de marques et de partenaires qui viendront soutenir le football féminin, plus nous serons contents. C’est du « gagnant-gagnant », plus on parlera du championnat, plus on parlera de nous. Nous allons continuer de pousser à améliorer l’expérience spectateurs, la visibilité média, etc : tous ces éléments font partie d’un nouveau contrat. Dans les car- tons de la ligue, il y a pas mal de choses. Notamment une refonte des championnats avec un passage de 12 à 14 clubs pour l’Arkema Première Ligue. Notre implication en tant que sponsor est reconnue et nous en sommes fiers : nous avons reçu le prix de la Fondation Alice-Milliat pour l’engagement d’Arkema pour le sport féminin.
COMMENT FAIRE POUR QUE LE FOOTBALL FÉMININ FRANÇAIS ET SA VISIBILITÉ PROGRESSENT ENCORE ?
Les jeunes filles ont besoin de s’identifier à des stars féminines : il faut donc trou- ver des figures de proue qui inspirent les jeunes, aller chercher des Ballons d’or… Pour que le football féminin français continue de grandir, il faut aussi que l’équipe de France féminine gagne des titres.
ARKEMA N’EST PAS UNE MARQUE GRAND PUBLIC. QUEL EST DONC LE BÉNÉFICE D’INVESTIR AUTANT EN SPONSORING SPORTIF ?
Effectivement, notre investissement en sponsoring sportif ne génère aucun chiffre d’affaires direct car nous sommes une entreprise « B2B ». C’est un investissement d’image pour renforcer notre marque-employeur. En termes de recrutement, il est important que l’industrie montre son intérêt à accueillir tous les publics, notamment les femmes. Ces thématiques RH sont très importantes pour Arkema qui a des objectifs ambitieux de féminisation de ses effectifs. La part des femmes dans les fonctions de haut management était à 17% il y a une dizaine d’années, aujourd’hui nous en sommes à 29 % et l’objectif est de franchir rapidement le cap des 30%. Ce travail via le parrainage du football féminin s’accompagne d’un intense travail en in- terne pour la promotion des femmes à ces fonctions de haut management. On reçoit aujourd’hui beaucoup plus de CV féminins qu’il y a 10 ans. Tout cela ne vient pas que de nos engagements dans le football : il y a dans la gestion des ressources humaines, des carrières et du management d’Arkema une vraie politique de diversité et d’inclusion qui passe par le mentoring, les formations et des efforts pour casser les stéréotypes dans une industrie qui était historiquement masculine. Du reste, le parallèle avec le football est pertinent car lui aussi était très masculin historiquement. Nous participons à un mouvement global de la société et nous en sommes fiers. On n’était pas attendu sur ce sponsoring du football féminin ! Mais on prône l’innovation, alors on l’a fait aussi en matière de communication : un industriel B2B est moins attendu qu’une marque grand public à cet endroit. Ce positionnement un peu insolite nous permet de tirer ce fil de l’attractivité et de l’inclusivité !
EN TANT QUE SPONSOR MAJEUR DU FOOTBALL FÉMININ, N’ÊTES-VOUS PAS SUR-SOLLICITÉ PAR LES AUTRES SPORTS ?
Bien évidemment ! Mais nous ne pouvons pas être partout ! Nous nous concentrons sur le football avec ce partenariat majeur avec la FFF, ainsi que des partenariats locaux avec 20 projets dans le football amateur féminin dans des zones autour de nos usines (en Normandie, à Lyon, Marseille…). À l’international, nous sommes sponsor d’un club, le NC Courage en NWSL, aux Etats-Unis, et nous avons un partenariat avec le FC Santos féminin, au Brésil. On aime aider à la promotion du football féminin : on a par exemple été partenaires du film «Marinette», le biopic sur Mari- nette Pichon. Par ailleurs, via notre filiale Bostik, nous sommes partenaires du Tour de France cycliste Femmes et de quelques grandes classiques : les dossards sur les maillots sont collés avec nos adhésifs, avec un enjeu de réutilisation. C’est donc aussi un partenariat technique. Mais c’est l’un de nos seuls partenariats sportifs en dehors du football.
SEREZ-VOUS TOUJOURS « NAMER » DU CHAMPIONNAT DE FRANCE LA SAISON PROCHAINE ?
On a tous envie de prolonger au-delà de 2025.
Clara Mateo, l’ambassadrice idéale
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Gilles Galinier nous raconte la petite histoire de Clara Mateo. « Il y a quelques années, nous avons rencontré une jeune ingénieure qui cherchait à faire un stage. Il s’agissait de Clara Mateo. Parallèle- ment à la fin de ses études d’ingénieure, elle poursuit sa carrière sportive, intègre un club d’élite, le FCF Juvisy, qui de- vient le prestigieux Paris FC, et elle est alors sélectionnée en équipe de France. Arkema finit par l’embaucher et elle obtient le seul contrat aménagé de l’entreprise. Elle est à la fois ingénieure et footballeuse professionnelle. Au sein d’Arkema, elle travaille au développement sur les matériaux liés au lifestyle, au sport et au luxe. Clara est donc pour nous une ambassadrice idéale ! »