Le travail des agences de communication dans le domaine du sport a considérablement évolué ces dernières années. Pour en avoir le coeur net et en savoir un peu plus sur l’activité de communication et plus particulièrement des relations punbliques et relation presse, La Lettre de l’économie du sport a interrogé deux figures emblématiques du secteur. Catherine North et Liliane Fretté, qui ont chacune donné leur nom à leurs agences respectives. Eclairage.
Catherine North, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Catherine North, et j’ai créé mon agence en 1994 après avoir été l’attachée de presse de Jean-Claude Killy pour ses collections ski et accessoires.
Pouvez-vous présenter votre agence ?
Avec North Communica-tion, nous nous situons comme des spécialistes du sport ayant évolué progressivement en intégrant une dimension lifestyle, tout en conservant une légitimité forte dans le domaine «core». L’idée est de disposer d’une structure à taille humaine, rompue aux problématiques de la communication, des RP (ndlr : relations presses) et aujourd’hui des eRP (ndlr : relations presse électroniques).
Initialement, comment vous est venue l’idée de créer votre agence ?
C’est une pure opportunité. Lorsque mon employeur de l’époque où j’étais salariée a vendu son activité, on m’a proposé de conserver le budget, à condition de m’installer en free-lance. C’est ce que j’ai fait.
Quelles particularités présente le sport selon vous par rapport à d’autres secteurs ?
Sans faire de généralités, les médias et les journalistes du sport sont agréables à travailler, bien plus que dans des secteurs comme la beauté par exemple. Il y a plus de décontraction, ce qui n’exclut pas le professionnalisme et l’exigence.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontée au quotidien ?
Il n’y a jamais de position acquise, il faut «100 fois remettre le métier sur l’ouvrage» ! La multiplication des journalistes free-lance oblige à un suivi permanent et astreignant.
Comment la profession a-t-elle évolué ?
La disparition des journalistes salariés dans les rédactions et des titres conduit à rechercher sans cesse d’autres moyens de retombées pour médiatiser les produits et les événements de nos clients. L’apparition des blogueurs est aussi un challenge car il faut situer qui est prescripteur, qui est suivi et qui met ses posts en scène avec une vraie qualité graphique et avec le bon discours.
Les agences de communication liées au sport ont tendance à se multiplier ces dernières années
Comment gérez-vous ces nouveaux concurrents ?
Dans notre domaine, nous nous connaissons bien entre concurrents. Donc nous sommes souvent sollicités pour une même compétition. En revanche, certains nouveaux venus «hype et modernes» qui ne sont pas spécialistes des RP s’improvisent comme tels en promettant monts et merveilles au client
lequel finit par s’apercevoir que le réseau «soi-disant» prescripteur est bien réduit et génère des retombées peu fournies et qui ne touchent finalement pas grand monde.
Les réseaux sociaux ont-ils une incidence sur votre façon de travailler ?
Oui bien entendu. D’une part nous les utilisons pour nos clients en gérant pour certains d’entre eux leur community management. D’autre part, parce que ce sont des outils hyper intéressants pour une nouvelle forme de communication. Je pense notamment à Instagram que je pratique quotidiennement et qui, pour moi, apporte énormément au storytelling.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Le monde évolue, les médias évoluent, les agences RP évoluent en intégrant de nouveaux métiers. La seule chose qui reste, c’est que faire sérieusement, intelligemment son métier, et le vivre avec plaisir, est une condition nécessaire (mais parfois non suffisante) pour réussir !
Liliane Fretté, Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Après avoir travaillé dans le Groupe Cartier en tant que chargée de la presse et des relations publiques, pour différentes marques du Groupe, j’ai fondé Liliane Fretté Communication (1990), une agence spécialisée dans les relations presse et les relations publiques.
Pouvez-vous présenter votre agence ?
L’agence a été créée en 1990. Elle est découpée en plusieurs secteurs (sport, lifestyle, tourisme, food, corporate). Pour la partie sport nous agissons aussi bien au niveau des organisateurs d’évènements pour une prise en charge du service presse, comme pour les marques dans l’accompagnement de RP et eRP. Nous sommes aujourd’hui 16 collaborateurs à Paris. En 2013, je me suis associée à Sabina Mollard-Rogerson, spécialiste des relations presse internationales pour monter une entité basée à Londres «FRETTE ROGERSON COMMUNICATION» pouvant répondre à des appels d’offres internationaux. Nous pouvons ainsi agir et réagir à la carte au niveau RP dans le monde entier et proposer à nos clients des nouveaux services pour communiquer à l’étranger.
Quand est née l’agence ?
En 1990 après plus de six années dans le Groupe Cartier, je décidais de fonder ma propre agence en me spécialisant dans les domaines sur lesquels je travaillais déjà, à savoir, le luxe (communication produits) et le sport (sponsoring), des secteurs où l’on peut ressentir de l’émotion. Depuis 10 ans, le département sport a pris de l’ampleur à l’agence car nous pouvons proposer nos services dans tous les univers sportifs (voile, automobile, rugby, cyclisme, surf, football
). Nous avons fait le constat que beaucoup de marques assuraient la communication dans leur propre secteur d’activité mais dans l’univers sportif il était nécessaire de les aider à mener à bien leurs objectifs.
Quelles particularités présente le sport selon vous par rapport à d’autres secteurs ?
Le sport a des valeurs que l’on ne retrouve pas dans une communication classique et les entreprises ont besoin d’un complément pour faire rêver, donner de l’émotion, vibrer
Le sport est aussi un formidable outil de relations publiques. Notre rôle est d’organiser ou d’accompagner des marques dans leur communication dans un milieu qu’ils ne connaissent pas et leur montrer tous les rouages.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontée au quotidien ?
Le marché du sport est de plus en plus important. Dans certains secteurs sportifs, il y a de plus en plus de concurrence car le sport est un secteur attirant. La difficulté pour une marque est de trouver la bonne agence qui aura les compétences au meilleur prix. Des agences fleurissent, certaines sans expérience et à des prix très bas, ce qui ne favorise pas valorisation de notre métier
Un conseil pour les marques : bien étudier les propositions des agences consultées en insistant sur l’expérience et les compétences
.
Comment la profession a-t-elle évolué ?
Les relations presse sont un vrai « métier » mais dans notre agence on ne qualifie plus nos collaborateurs «d’attaché de presse», terme plutôt démodé, mais de «consultant media». La profession a en effet évolué et il faut bien évidemment s’adapter comme nous l’avons toujours su le faire à travers les années et c’est la raison pour laquelle nous développons les eRP.
Comment luttez-vous contre la multiplication des agences de communication liées au sport ?
En effet, nous étions peu nombreux à être spécialisés dans ce domaine il y a plus de 20 ans car certaines marques ne communiquaient pas à travers des agences mais en interne. Aujourd’hui le monde du sponsoring est de plus en plus organisé et les marques souhaitent un retour important de visibilité par les medias, réseaux sociaux et se tournent vers des agences spécialisées
Je défends notre métier en mettant en avant une qualité de travail, une expertise des relations media, de nos consultants, une expérience auprès de grandes organisations (Vendée Globe, tour de France, Coupe du Monde de rugby, Championnats du Monde d’Athlétisme) une méthodologie de travail, et un service international.
Les réseaux sociaux ont-ils une incidence sur votre façon de travailler ?
Les réseaux sociaux sont incontournables aujourd’hui pour les entreprises. On ne sait pas encore où en sont les limites mais il faut tout contrôler. Nous créons pour les RP des outils interactifs pour créer une dynamique et de la viralité.
Source: Sport