Après une mise au télétravail forcée pendant le Covid, et avec lui l’arrêt des « vrais » échanges avec les collègues, il a le vent en poupe : le sport en entreprise est (re)venu en force ! Comment en bénéficier, qu’est-ce que vous pouvez pratiquer, quel est le niveau requis et quels sont les bénéfices escomptés : on vous explique tout. Sortez de derrière votre ordi, chaussez vos baskets, on y va !
Par Léa Borie, Extrait de Women Sports magazine n°35 janvier-février-mars 2025
Toutes les formules possibles du sport en entreprise
Il y a les entreprises qui participent via le CE à une prise en charge partielle d’un abonnement à une salle de sport partenaire. Celles qui bénéficient d’un emplacement adéquat où les salariés peuvent se retrouver pour aller courir à la pause dej’. Celles encore qui donnent un coup de pouce en mandatant un coach sportif « à domicile » dans une salle de réunion… Et carrément, celles qui veulent forcer le destin, en intégrant, à l’américaine, un village où tout est à dispo, dont, bien sûr, la salle de sport, et plus encore ! On s’est rapproché de ces sociétés, dont certaines très novatrices, mais aussi de structures qui organisent ces cours un peu particuliers. Fessier sédentaire, s’accrocher ! Ils sont 60 % (source : Enquête 2022 Gymlib & Augmented Talent), les Français interrogés qui souhaiteraient que leur entreprise leur propose la possibilité de faire du sport 1. Suite au Covid, et peut-être poussé par une toile de fond sportive durant les Jeux Olympiques de Paris 2024, le sport en entreprise a passé la 3e en France.
Si dans l’Hexagone, la demande se fait sentir, les précurseurs se trouvent outre- Manche. Google ou Facebook, pour ne citer qu’elles, proposent des installations sportives directement sur site, initialement des salles de repos avec ping-pong et babyfoot, qu’on retrouve désormais en mode sport plus sérieux.
Qui dispense les cours de sport en entreprise ?
Pour animer ces cours, les entreprises font appel à des coachs sportifs dont c’est le métier pour intervenir à la carte sur des temps dédiés. C’est ce que propose depuis quelques années Just Coaching, société de coaching sportif. La structure propose des programmes « Sport, santé et bien-être » à la MACSF, la SNCF, Eau de Paris, Invivo, la Métropole de Lyon ou encore aux Hospices civils de Lyon. Thomas Golliot, responsable pôle marchés publics & pôle coach chez Just Coaching, lui-même coach sportif, nous raconte de l’intérieur leur processus : « Notre premier marché BtoB : la Ville de Paris, en 2017. Désormais, nous avons un commercial dédié au BtoB pour développer encore davantage ce volet. Au total, ce sont près de 200 coachs dans toute la France qui bossent sur ces marchés. Le bémol qu’on remarque parfois au lancement d’une activité : la communication. La transmission d’informations aux salariés concernant les sessions de sport est faite en interne. Parfois, on se rend compte que les services ne sont pas tous au courant de ce qu’il existe et des modalités. Ça demande un peu de temps. On dénombre aujourd’hui plus de 70 prestations chez Just Coaching. Ce qui se démultiplie en ce moment ? les massages assis. »
En parlant de massages, et par extension de bien-être, certaines entreprises orientent leurs besoins en animation vers davantage de pratiques dites « bien-être » pures. Pour ça, Yoburo a un catalogue de solutions fourni : santé mentale, améliorer sa qualité de vie au travail (QVT), équilibre de vie… Ayant démarré en 2017 avec le yoga en entreprise, Yoburo s’est vite diversifié vers toute pratique réalisable facilement au bureau et sans matériel. La pandémie a, encore, joué pas mal dans la balance. « Tout de suite après le Covid, via les visios, il a été question de faire bouger les salariés chez eux, pose Simon Halperin, président de Yoburo. Fin 2020, on a embrayé en proposant de nouvelles interventions bien-être. C’est comme ça que sont nés des ateliers plus longs d’1h30 sur les questions d’alimentation, de santé mentale, de prévention routière… ».
Pour tout ça, un maître-mot selon le dirigeant, le lien : « On veut que la personne au marketing côtoie celle de la compta, et que la direction se retrouve à suer avec les assistants pour faire du sport ensemble, sans frontière. » Yoburo ne pense pas qu’aux employés de bureau aux fesses vissées à leur chaise. « On a aussi réfléchi aux actions à apporter à des entreprises avec des fonctions supports, des usines et des entrepôts comme à la SNCF, via des échauffements de prise de poste, un éveil musculaire, un travail sur chaise. On a également pensé à des exercices dédiés aux personnes portant des charges lourdes, avec un important risque d’accidentologie, ou encore à celles qui restent debout toute la journée », raconte le co-fondateur de Yoburo. Un vrai besoin des entreprises désormais ? « La santé mentale, répond sans hésiter Simon Halperin, grande cause nationale en 2025. On cherche comment apporter un mieux-être, un équilibre vie pro/vie perso. C’est ainsi qu’on voit le sport, par le prisme du bien-être, chez Yoburo ».
L’importance de l’engagement
Alors oui, vous pouvez vous pointer à votre séance en entreprise comme bon vous semble. Seulement, plus vous observerez de régularité dans votre participation à cette activité sportive (pour peu qu’elle soit dispensée de façon régulière dans votre entreprise bien sûr), plus vous avez de chance de la faire entrer dans une habitude non pas de travail mais extra-professionnelle !
Pour vous aider, les entreprises développent de plus en plus l’aspect compétitif, en incitant notamment leurs salariés à s’inscrire ensemble à des courses caritatives. De quoi faire rayonner l’entreprise grâce au dossard avec logo de la société, et de créer du lien entre salariés participants. Et vous, vous courrez quel défi au printemps avec vos collègues ?
Focus sur XEFI : le sport dans l’entreprise
Une heure de pilates le mardi midi à côté de la cafet’, c’est super, mais certaines entreprises ont cherché à aller encore plus loin, en intégrant le sport à chaque étage, pour ne pas dire à chaque bureau. Xefi, spécialisé dans l’accompagnement des TPE/ PME, a lancé il y a 12 ans un programme de forme et santé ouvert à tous ses collaborateurs, afin « d’inciter nos collaborateur à prendre soin d’eux, de limiter la sédentarité et de limiter les troubles liés aux activités professionnelles », annonce la page du programme sur le site. Ici, à Rillieux-la-Pape (à quelques kilomètres de Lyon, suffisamment pour ne pas avoir sa salle de sport juste à côté), une trentaine de cours hebdomadaires sont offerts aux 500 salariés du siège. Basket, vélo d’intérieur, course.. tout est possible ou presque.
Et ce n’est pas fini ! La construction du nouveau siège intégrera une piste d’athlétisme de 200 m, une salle de musculation et une piscine de 25 m. Avec tout ça, si les salariés ne prennent pas le pas sur leur sédentarité… Pour les y accompagner, le dirigeant, Sacha Rosenthal, a vu grand (et fort en budget) : 5 salariés formés au coaching sportif ont élu demeure à Xefi.
Kiné et nutritionniste sont aussi de la partie pour ainsi proposer aux employés un suivi personnalisé s’ils le souhaitent. Tout ça coûte à l’entreprise 700 000 € (source : lesechos.fr). Mais les retombées, non quantifiables, sont possiblement conséquentes. Cette offre hors du commun permet à l’entreprise de se démarquer, pour ainsi mieux fidéliser ses salariés et peut-être en attirer de nouveaux. Aujourd’hui, 56 % des employés sont inscrits dans une activité sportive. Personne n’est forcé ou incité, mais chacun y voit son intérêt.
En tout cas, le sien d’intérêt, le dirigeant l’a vu dès le début, il y a 17 ans. « L’entreprise comptait 10 collaborateurs. L’un des plus fédérateurs souffrait de diabète. Sacha, déjà très sportif (passionné de triathlon, NDLR), a réalisé qu’il risquait de perdre ce bon élément. Il en a parlé à son coach sportif, qui lui a répondu de le mettre au sport par ses soins. Depuis, tout a changé », nous raconte Valérie Mejard, manager santé sport du groupe Xefi.
Témoignage : Carole Chenevard, assistante de direction générale chez Xefi
« Dès que tu intègres l’entreprise, tu bénéficies d’une semaine de formation. Quel que soit ton poste, on te parle notamment du sport santé. Tu découvres que tu as accès à une salle de sport de 7h à 8h, entre midi et deux et dès 18h. Tous les débuts de mois, tu reçois le planning des cours, auxquels tu peux t’inscrire gratuitement. C’est un vrai gain de temps pour les salariés. En fonction de tel évènement comme la préparation au Marathon du Beaujolais, il y a des séances supplémentaires au planning. Les coachs passent te voir dans la journée pour « une pause active ». Juriste, comptable, gestionnaire de contrat… tous ces métiers se font assis toute la journée derrière un écran. Alors on s’arrête tous 5 minutes à l’arrivée du coach pour bouger 5 minutes, en prenant soin d’étirer les cervicales, les poignets, d’activer les jambes… Mon péché mignon : aller au bike. On est tous mélangés, il n’y a plus de hiérarchie. Ça crée une émulation dans la team et en même temps je m’occupe de moi. »