Si je vous dis boccia, il y a de grandes chances que nombre d’entre vous se demandent de quoi je parle. Ce sport est méconnu en France alors que notre pays à la chance d’avoir la numéro un mondiale dans ses rangs, Sonia Heckel. Zoom sur cette pratique sportive peu connue du grand public. Par Mano Bouvier. Extrait du WOMEN SPORTS N°34.
Commençons par sa spécialité : la boccia est un des deux sports avec le goalball présent aux Jeux Olympiques n’ayant pas d’équivalent olympique. Elle fait son apparition aux Jeux de Stoke Mandeville (Royaume-Uni) en 1984. Étymologiquement, le terme vient du mot « boule », en italien. Il s’agit d’un sport de précision que beaucoup comparent à de la pétanque. En réalité, cela est bien plus complexe, comme l’explique Laurence Le Franc, kinésithérapeute de l’équipe de France de boccia, « Cette discipline est plus complexe que ce que l’on croit, elle mélange la pétanque, les échecs et le curling. La réflexion qu’il faut avoir pour gagner une partie est vraiment centrale. » La boccia se joue en salle, sur un terrain de 12,5 x 6 m avec la possibilité de jouer soit en simple, soit en
Les règles
Qui de mieux que la numéro un mondiale pour nous expliquer ce sport ? Et cette championne de boccia est française ! Sonia Heckel est une référence dans ce sport. « La boccia est un sport qui ressemble à de la pétanque sur le principe. J’insiste sur le principe de base, parce qu’il y a des balles au lieu des boules de pétanque. Les balles sont en cuir avec un cochonnet appelé “jack” qui est différencié des autres par sa couleur, le blanc. Les autres sont rouges pour l’un des joueurs et bleues pour l’autre. Le sol peut être du parquet ou du taraflex. Cela peut changer notre manière de jouer car les balles vont rouler au sol. On va emprunter des techniques au curling ou au billard, certains sauront de quoi je parle. Et Niveau stratégique, on va toujours essayer d’avoir un, deux ou trois coups d’avance, ce qui est le principe des échecs. Un match se déroule en quatre manches en individuel ou six en équipe, chacune se finit quand les 6 balles ont été lancées de chaque côté. Les points remportés à l’issue de chaque manche se cumulent. Pour l’emporter, il faut comptabiliser plus de points que son adversaire à la fin de la rencontre », nous explique Sonia avec passion.
Des catégories différentes
Comme dans de nombreux sports paralympiques, les athlètes sont classés en fonction de leur handicap. En boccia, on en dénombre quatre, BC1, BC2, BC3 et BC4. Pour la première, elle est faite pour les joueurs atteints de paralysie cérébrale et assimilés, c’est-à-dire avec un handicap « sévère » au niveau des quatre membres. Le joueur dispose d’un assistant sportif. La catégorie suivante est assez similaire mais les athlètes n’ont pas besoin d’assistant. Aux Jeux Paralympiques, ces deux catégo- ries jouent ensemble. Les sportifs évoluant en BC3 sont des joueurs ayant tous types de pathologie plus « sévère » au niveau des quatre membres. Le joueur dispose d’une rampe et d’un assistant sportif. Il s’agit de la catégorie de Sonia Heckel. Et pour finir, la BC4, elle, est faite pour les boccistes ayant tout autres types de handicaps non liés à la paralysie cérébrale. Ils n’ont pas d’assis- tant hormis pour ceux jouant au pied. Petite précision, l’assistant n’a pas le droit de regarder le jeu ni de parler avec son joueur. Il est donc toujours dos à la partie. Celui-ci est d’ailleurs considéré comme un réel athlète, il est médaillable en cas de victoire dans un tournoi.
Une équipe de France en forme olympique
Si à Tokyo les Français n’avaient pas ramené de médailles, tous les feux étaient au vert pour briller à Paris. Nos tricolores n’ont jamais ramené de médailles dans ce sport depuis son apparition en 1984. L’équipe pour Paris 2024 était composée de cinq athlètes, Jules Menard et Sonia Heckel en BC3, Fayçal Meguenni et Aurélien Fabre en BC2 et Aurélie Aubert en BC1. Sonia Heckel était la plus grande chance de médaille avec sa première place mondiale, mais elle
Pour moi, on est deux sportifs à part entière, parce que sans lui, je ne peux rien faire. Lui, il ne peut rien faire sans moi non plus. Nous sommes deux athlètes qui fonctionnons en binôme, indispensables l’un à l’autre. Comme je dis toujours, on a un corps humain complet à deux. Donc moi, je vais faire la tête et mon assistant va faire le corps. Et un corps ne peut pas fonctionner sans le cerveau et inversement. Je le connais depuis des années, on est même en colocation ensemble. On est indissociables. Je pense d’ailleurs qu’une grande partie de ma réussite est a hélas échoué. Toutefois, les Français ont réussi à ramener une magnifique médaille d’or de ces Jeux, une première dans l’histoire de la boccia. Et celle-ci est une surprise totale puisque c’est Aurélie Aubert qui n’avait pas fait mieux qu’une 4ème place à la Coupe du monde, en individuel, en 2022 qui se pare d’or. Son sourire restera gravé dans l’histoire.
Pour Sonia Heckel, la désillusion est grande avec une défaite dès le premier tour. Ce n’est que partie remise pour 2028 ! D’ici là, ce sport pourrait connaître un véritable effet boost après ce coup de projecteur médiatique inédit. La bocciste Aurélie Aubert a même eu l’honneur d’éteindre la flamme olympique, mettant la boccia au premier plan !
Sonia Heckel en trois questions
Depuis quand pratiques-tu ce sport ?
Je pratique depuis 2007, donc ça commence à faire un petit bout de temps. J’avais 18 ans lorsque j’ai fait mes premiers pas en boccia, j’en ai maintenant 35. J’ai commencé en catégorie BC4, la catégorie où l’on joue à la main, mais avec ma maladie évolutive, j’ai été contrainte de changer. J’ai tout de même pu jouer à la main jusqu’en 2014. Début 2014, j’ai dû changer de catégorie, et du coup j’évolue maintenant en BC3. C’est-à-dire que j’ai une rampe et un assistant pour m’aider à jouer. Cela a été un véritable changement, j’ai dû tout réapprendre mais j’étais déjà tombée amoureuse de ce sport et cela n’a pas posé de souci.
Quelle est ta relation avec ton assistant ?
Pour moi, on est deux sportifs à part entière, parce que sans lui, je ne peux rien faire. Lui, il ne peut rien faire sans moi non plus. Nous sommes deux athlètes qui fonctionnons en binôme, indispensables l’un à l’autre. Comme je dis toujours, on a un corps humain complet à deux. Donc moi, je vais faire la tête et mon assistant va faire le corps. Et un corps ne peut pas fonctionner sans le cerveau et inversement. Je le connais depuis des années, on est même en colocation ensemble. On est indissociables. Je pense d’ailleurs qu’une grande partie de ma réussite est liée à cette relation.
Comment s’est déroulée ta préparation pour les Jeux paralympiques ?
J’ai préparé ça comme une autre compétition, parce que j’essaie de toutes les prendre de la même manière, quel que soit le niveau. Le but est d’éviter de changer mes routines qui sont centrales pour réaliser de bonnes performances. Malgré tout, il y a eu des petites choses qui ont été modifiées notamment vis-à-vis du public, surtout, parce qu’on sait très bien qu’il va y avoir énormément de supporters. C’est quelque chose qu’on n’a pas du tout l’habitude de faire. Lorsque l’on part en compétition à l’étranger, on a très peu de public avec nous, donc on a essayé de modifier ce paramètre lors de nos entraînements. On a notamment utilisé des enceintes pour nous habituer aux bruits.