Ça a commencé par une chaise contre un mur quelques secondes, ça a fini… sanglé au mur ! On a voulu, nous aussi, céder à la tentation de la tendance « mur accessoire » dans la pratique sportive. On connaissait la variation facilitante du wall pilates, fleurissante sur les réseaux sociaux. On a voulu se frotter à plus équilibriste, avec le yoga wall. L’art de se laisser porter par son poids… ? pas seulement. On vous raconte.
Par Léa Borie, Extrait de Women Sports magazine n°29 juillet-août-septembre 2023
Que le mur vienne en renfort, en support ou en opposition, il agrémente nos cours de sport. Poser ses pieds contre le mur, faire des exercices en chaise, se laisser guider ou se laisser pendre… les exos contre une surface plane permettent de travailler d’autres muscles, plus dans la colonne vertébrale et les cuisses, en apportant de nouvelles perspectives à sa pratique et ainsi dépasser de nouvelles frontières.
Direction le yoga wall, cette activité qui a émergé dans les années 2000 en Allemagne et qui a vu ses premières salles fleurir en France ces dernières années, de Quimper à Lille passant par Paris et Lyon. Accroché à un mur, le corps peut ainsi se renforcer dans la zone vertébrale et étirer sa zone lombaire. C’est à la Yoga Room, concept de centres basés à Paris, Lyon, mais aussi à Bruxelles et à Lisbonne qu’on repère cette pratique pas comme les autres.
À la salle de Lyon 3e (Rhône), Carlos Sanchez dispense cette activité trois fois dans la semaine. Certifié depuis 2020, il a été formé en Belgique par l’instructrice Anna Paola Bareni et nous explique sa vision avant de commencer : « C’est un type de yoga iyengar version contemporaine, avec matériel, dont les sangles et les briques, pour soutenir, aider à trouver son alignement. En tant que danseur, j’aime la précision de cette pratique, qui requière force et lâcher prise dans les inversions. Cela demande de faire confiance et d’avoir conscience de son mouvement. » Pas bête pour ceux qui démarrent le yoga alors ? ou ceux qui veulent aborder une approche différente des postures. Le cours dure 1h15. Pour un novice, ça paraît un monde, mais l’activité s’avèrera tellement ludique que les minutes s’écoulent vite.
Tu vois ces sangles au mur ?
Yogi d’un jour ou habitués, une quinzaine de personnes entrent dans la salle de pratique dédiée au yoga wall – les sangles dressées au mur l’attestent. Chacun s’installe sur un tapis en deux rangées face à face contre un mur. Démarre alors un échauffement qui se rapproche d’une séance classique de yoga, sans élastique. Une fois cette mise en route terminée, on commence à s’approcher des élastiques.
Chacun règle sa hauteur de sangles afin d’étirer les cervicales à quelques centimètres du sol, à peine, avant de rehausser sa sangles pour y placer ses hanches. La balançoire peut commencer ! Les options sont données, on peut aussi prendre deux briques de yoga pour éviter de descendre trop bas les mains dans la posture, avant de redresser le buste au plus haut. On ne cherche pas l’inconfort, mais bien l’alignement, afin de titiller ses limites sans pour autant les dépasser. La technique demande de la rigueur. Un mauvais placement des sangles autour des poignets, sous les pieds ou sur les hanches peut rendre la réalisation de la posture complexe. Mais le prof tient à ce qu’on prenne confiance, pour tenter des postures…
Les tentatives de postures en yoga wall
On y vient justement aux tentatives ! Au bout de quelques inversions de base, ça y est : on grimpe au mur ! Carlos s’approche et me propose de découvrir une autre posture en m’aidant à pivoter. Au départ dos au mur, la tête à l’envers et les pieds en lotus, je me retrouve en appui sur les bras jambes tendues face au mur, en équilibre instable. Et malgré mes années de gymnastique aux agrès, je me retrouve totalement désorientée. Poule mouillée, je décide rapidement de revenir dans des lieux plus sûrs. Mais ça ne s’arrête pas là ! Comment descendre de cette posture coriace ? Tel une boule de papier froissé, je glisse contre le mur nonchalamment pour m’extirper de cette situation. Rien de dangereux, les sangles me retenaient, mais troublant en termes de perte de repères.
Les effets du yoga wall
Ma voisine de tapis, Arpine, est une habituée de la Yoga Room mais découvrait le yoga wall ce jour-là. Je lui demande ses sensations à la fin de la séance. Elle est amusée, décontenancée parce que les postures ne s’enchaînent pas comme en vinyasa mais se félicite de s’être octroyée cette découverte. De mon côté, je remarque une fois au vestiaire des marques rouges sur les hanches et les poignets. Je comprends pourquoi une habituée avait pris soin d’enfiler des sortes de mitaines en début de séance. Mais le lendemain, cette sensation se sera envolée. Une fois encore, je ressors grandie d’avoir tenté des éléments qui sortent de mon ordinaire sportif, avec cette sensation d’accomplissement motivante ! À vous !