Elle est l’une des meilleures rideuses françaises. Mathilde Doudoux a consacré sa vie au BMX. Ce sport qu’elle aime tant ne lui a pas toujours rendu son investissement. Une blessure en avril 2021 l’a même privée de son rêve olympique. Mais la bonne vivante a depuis repris la compétition avec Paris 2024 en ligne de mire et un nouveau « bon plan » pour financer sa passion : intégrer la police nationale ! PROPOS RECUEILLIS PAR KÉVIN CARRIERE. Extrait du Women Sports N°23.
WS : VOUS AVEZ QUITTÉ VOTRE FAMILLE À 13 ANS POUR VOUS DONNER À FOND DANS VOTRE SPORT. COMMENT L’AVEZ-VOUS VÉCU ?
M.D : Super bien (rires) !! Je l’ai bien vécu parce que pour moi, c’était une opportunité de faire ce que j’aimais, même si j’étais loin de la maison. Cela ne me faisait pas peur, j’avais envie de faire du BMX et de faire carrière là-dedans donc pour moi c’était plus un plaisir qu’une contrainte. Et à ce moment-là aussi, cela ne se passait pas très bien dans ma famille donc au final, cela avait un peu un « double intérêt ».
UNE DIZAINE D’ANNÉES PLUS TARD, COMMENT ANALYSEZ-VOUS CE CHOIX ? REFERIEZ-VOUS LA MÊME CHOSE ?
Maintenant avec l’âge et le recul que j’ai, je pense que je ne serais pas partie si tôt, parce que chez moi, je pouvais m’entraîner et les équipements étaient suffisants. C’est vrai qu’il y a quelques années, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher de ma famille et de passer du temps avec elle car j’ai loupé pas mal d’événements. Il y a donc des choses que je rattrape maintenant, à 25 ans. Mais je ne regrette rien de ce que j’ai fait.
VOUS CONSACREZ VOTRE VIE AU BMX : COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU VOTRE BLESSURE EN AVRIL DERNIER, QUI VOUS A EMPÊCHÉ DE ROULER SUR LES CIRCUITS INTERNATIONAUX ET DE PARTICIPER AUX JO ?
Ma blessure à la clavicule est ma première blessure en BMX Race, au bout de quinze ans de carrière, donc ce n’est pas trop mal disons. Mais je l’ai très mal vécu. Même à l’heure où je vous parle, c’est en- core difficile, alors que ça fait des mois, parce que c’est une année olympique. Je jouais une potentielle place pour les JO de Tokyo. Pendant les deux années de Co- vid, j’ai vraiment bien travaillé, j’ai trouvé plein de moyens pour continuer à m’en- traîner… J’ai beaucoup progressé mais je me suis blessée juste avant les compétitions qualificatives. Je n’ai rien pu montrer de tout le travail que j’avais fourni pendant ces deux dernières années. À la suite de cette chute, plein de problèmes personnels m’ont entraînée dans une dé- pression, au cours de l’été.
COMMENT S’EST PASSÉ VOTRE RETOUR À LA COMPÉTITION APRÈS ÇA ?
J’ai repris en septembre dernier, avec les Coupes de France, sans préparation physique à cause de ma formation de policière donc je n’étais pas prête. Mais finalement, mon équipe m’a demandé de rouler sans prendre de risques parce qu’ils avaient besoin de moi. Je m’étais donnée comme objectif de me qualifier pour les finales de chaque manche et c’est ce que j’ai fait. Avec les conditions particulières et le peu d’entraînement que j’ai eu, je suis satisfaite de mon retour.
ARRIVEZ-VOUS À VIVRE DU BMX AUJOURD’HUI ?
Cela fait quinze ans que je fais du BMX et que je n’en retire pas de salaire ! Je me débrouille pour vivre. Les seules collaborations que j’ar- rive à avoir, hormis le Crédit Agricole avec qui j’ai un important contrat d’image, cela reste du matériel. J’espère qu’un jour, cela débou- chera sur des partenariats financiers.
VOUS SUIVEZ ACTUELLEMENT UNE FORMATION DE POLICIÈRE. ETAIT-CE UNE VOCATION ?
À vrai dire non, je ne m’imaginais pas du tout exercer ce métier. Pendant le Covid, ma fédération m’a proposé cette formation. Je me suis dit que c’était une opportunité de m’assurer un avenir professionnel, alors j’ai sauté sur l’occasion. Cela fait quelques mois que j’y suis et pour le moment, cela me plait bien. Cette formation me permet aussi de m’assurer un petit salaire. Et peut-être qu’après ma carrière sportive, je continuerai dans la police !
ET MAINTENANT, DANS VOTRE TÊTE, C’EST PARIS 2024 À FOND ?
Oui carrément, c’est un gros objectif ! J’essaie d’y penser sans trop y penser pour ne pas que cela me stresse. 2024, c’est proche, mais c’est loin en même temps. Je prends les choses les unes après les autres. Pour l’instant, il y a beaucoup de choses que je dois gérer avant de penser à Paris 2024.
Une vie de passion à la Doudoux
Mathilde Doudoux découvre le BMX à 10 ans chez elle en Alsace, dans le club de Cernay. Elle se spécialise dans la catégorie du BMX Race, dont le but est de parcourir le plus rapidement possible une piste de 400 m où les riders enchaînent les bosses et les virages. L’Alsacienne vit aujourd’hui dans le Vaucluse et pratique toujours sa passion au club de Sarrians. Dans son palmarès, on retrouve notamment deux titres de championne de France cadette en 2011 et 2012 et deux médailles d’argent aux Championnats d’Europe junior en 2013 et 2014. En senior, l’athlète de 24 ans a notamment réalisé un Top 15 en Coupe du Monde.