Directrice des opérations pour l’Afrique chez emlyon Business School, Marine Antoine, ancienne élève de l’école et gymnaste, nous dévoile les défis et les opportunités de son rôle. Entretien inspirant. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°34.
WOMEN SPORTS : POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOS PRINCIPALES MISSIONS EN TANT QUE DIRECTRICE DU DÉVELOPPEMENT POUR LA ZONE AFRIQUE CHEZ EMLYON ?
MARINE ANTOINE : En tant qu’intrapreneure au sein d’emlyon, je supervise notre développement en Afrique, une activité récente. Nous avons ouvert le bureau à Abidjan il y a trois ans. Nos missions se répartissent en trois axes principaux. Le premier concerne le recrutement et les admissions, où nous offrons un accompagnement personnalisé aux étudiants africains, de divers pays, souhaitant intégrer nos campus en France pour des programmes de formation initiale ou continue. C’est notre activité principale. Le deuxième axe se concentre sur le développement, un domaine où je suis particulièrement impliquée. Nous établis- sons des partenariats avec des institutions locales, comme des universités, des lycées, les différents bureaux Campus France et des institutions gouvernementales. Nos objectifs incluent la promotion d’échanges académiques, la création de doubles diplômes et la co-construction de programmes de qualité et adaptés aux attentes d’un public varié : étudiants, entrepreneurs, gouvernements…
Nous collaborons aussi avec des entre- prises pour développer des formations sur mesure et avec des institutions qui offrent des bourses d’études. Ce volet s’étend à plusieurs pays africains. Enfin, le troisième axe porte sur la visibilité, la notoriété et le réseau. Nous participons activement à divers événements, webinaires et conférences. Nous avons un réseau d’alumni solide, avec 180 anciens élèves à Abidjan, 500 anciens au Maroc, 70 au Cameroun… Nous sommes près de 1600 alumni à travers l’Afrique ce qui nous aide à renforcer notre présence sur le continent.
QUELS SONT VOS PLUS GRANDS DÉFIS DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA PRÉSENCE D’EMLYON EN AFRIQUE ?
Les défis sont nombreux et variés. En termes de logistique et de gestion d’équipe, il faut tenir compte des différences culturelles et linguistiques et des façons de travailler sur différentes missions entre les différentes équipes (en Afrique, en Europe et en Asie principalement). Nos programmes doivent être pertinents et en adéquation avec les besoins et attentes du public, avec des partenariats adaptés à chaque pays, car une collaboration au Gabon ne se déroule pas comme au Sénégal. De plus, le contexte politique, les enjeux financiers, l’accès à la technologie, et les questions sociétales et environnementales influencent notre approche stratégique.
Par ailleurs, il est important de gagner et de maintenir la confiance des étudiants, des entreprises, et des institutions en dé- montrant constamment la valeur de nos diplômes, même si emlyon jouit déjà d’une bonne réputation. La stratégie de développement de nos activités évolue en cours d’année, car le véritable défi est de tenir compte en permanence des réalités économiques, politiques et sociales de la région. Parallèlement, nous développons des projets liant sport et études : études : 26 étudiants athlètes que nous accompagnons ont offert 7 belles médailles à la France aux JO 2024 !
COMMENT LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT D’EMLYON S’ADAPTE-T-ELLE AU CONTEXTE AFRICAIN, QUI EST DIFFÉRENT DE CE QUE VOUS AVEZ PU CONNAÎTRE AILLEURS ?
Nous avons la chance de travailler avec une équipe diversifiée composée de membres ivoiriens, sénégalais, et nigérians, ce qui nous aide à mieux comprendre le marché et à adapter nos actions. Bien que passionnée par l’Afrique, je suis consciente que mon expérience ne peut égaler celle de ceux qui y vivent. Notre stratégie n’est pas de créer un campus physique pour le moment, mais de rencontrer des partenaires et institutions locales pour co-construire des initiatives adaptées.
QU’EST-CE QUI VOUS PLAÎT LE PLUS DANS VOTRE TRAVAIL ?
Ce que j’apprécie le plus, c’est la diversité de mes missions et le rôle de « couteau suisse » que j’occupe. Avec notre petite équipe, j’ai une grande liberté d’action, ce qui me permet de pratiquer l’intrapreneuriat au quotidien. Il y a tant d’opportunités en Afrique, négligées par les grandes écoles, malgré une demande croissante, ce qui rend mon travail passionnant. Près de 60% des Africains ont moins de 25 ans, il y a un vrai besoin de formations en adéquation avec les réalités du marché de l’emploi !
QUELS SONT, SELON VOUS, LES POINTS FORTS D’EMLYON BUSINESS SCHOOL ?
L’un des principaux atouts d’emlyon est son orientation internationale, avec plus de 220 partenariats académiques et des étudiants de 130 nationalités. Cet environnement international enrichit les étudiants. Notre solide réseau d’entreprises offre de nombreuses opportunités de stages et d’emplois. De plus, notre réseau de 45 000 anciens élèves à travers le monde facilite les connexions professionnelles, l’accès à l’emploi, et crée un fort sentiment de communauté parmi étudiants et diplômés.
VOUS AVEZ ÉTÉ GYMNASTE. PARLEZ-NOUS DE CE PARCOURS SPORTIF !
J’ai commencé la gymnastique rythmique très tôt et intégré un sport-études dès l’âge de 10 ans. Grâce à cette expérience en tant que sportive de haut niveau (jusqu’à 24 heures de sport par semaine), j’ai acquis une expérience très enrichissante. Ce sport nécessite énormément de rigueur et de motivation mais est aussi malheureusement fait d’injustices qui m’ont appris à me relever et à ne jamais abandonner. La détermination, la persévérance, la résistance au stress et à l’énorme pression des entraîneurs, les déceptions ont fait partie de mon quotidien… mais j’ai aussi connu la joie de voir tous ces efforts récompensés et le bonheur d’avoir atteint mes objectifs ! Une étape marquante de ma carrière a été ma dernière compétition. J’étais blessée et sur le banc, mais j’ai insisté pour participer malgré les obstacles. Nous avons remporté le titre de vice- championne de France !