C’est pour promouvoir et développer le sport et le parasport au sein des collectivités territoriales francophones que l’Association internationale des maires francophones, la Ville d’Espalion, et la Confédération internationale des Unions sportives francophones unissent leurs efforts. PAR L’ ASSOCIATION INTERNATIONALE DES MAIRES FRANCOPHONES (AIFM). Extrait du WOMEN SPORTS N°34.
Action locale et coopération décentralisée : des leviers décisifs pour développer la pratique sportive
En 2020, la commune d’Espalion a ob- tenu les labels « Centre de Préparation aux Jeux Olympiques de Paris 2024 » et « Terre de Jeux 2024 » pour le tennis de table, le tennis de table handisport, et le handball. Pour mettre en valeur ces labels, la Ville a engagé des actions dans divers domaines notamment le sport et la coopération décentralisée. Depuis 2022, grâce au dispositif « Sport et coopération internationale », la Ville, en partenariat avec l’Union francophone de tennis de table, a soutenu la pratique de ce sport en partenariat avec six collectivités territoriales francophones. Ce projet a été reconnu par le Comité d’organisation de Paris 2024 et s’est vu décerné le label « Impact 2024 ».
En 2023, Espalion a accueilli le premier séminaire des dirigeants d’Unions sportives francophones. Cet événement inédit a rassemblé de nombreux acteurs clés du sport francophone, tels que la délégation ministérielle à la Francophonie sportive, les collectivités territoriales, le Comité international des Jeux de la Francophonie, les Unions sportives francophones, le Comité paralympique et sportif français, ainsi que l’Association Francophone des Comités nationaux olympiques. Ils ont pu se ren- contrer, échanger et identifier ensemble leurs besoins mutuels pour développer le sport dans l’espace francophone. La nécessité de s’appuyer sur l’échelle locale, et donc sur les communes, était pour tous une priorité.
À l’issue du séminaire et sur la base des résultats positifs obtenus lors des actions menées en 2022 et 2023, une nouvelle étape a été franchie pour promouvoir le sport dans les collectivités territoriales franco- phones. Éric Picard, maire d’Espalion, Pierre Baillet, secrétaire permanent d’alors de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), et Kanaté Ali, président de la Confédération internationale des Unions sportives Francophones (CIUSF), ont signé une convention et identifier avec l’aide des fédérations nationales, dix collectivités territoriales francophones pour une candidature commune à l’appel à projets «Sport et Coopération Décentralisée 2024» du Ministère Français de l’Europe et des Affaires Étrangères.
Les collectivités qui se sont ainsi mobilisées sont celles d’Abidjan en Côte d’Ivoire, de Boffa en Guinée, de Cotonou au Bénin, d’Haho au Togo, de Korbol au Tchad, de Libreville au Gabon, de Pikine au Sénégal, de Pointe-Noire au Congo, et de Sfax en Tunisie, ainsi que le Nouveau-Brunswick au Canada. Ces collectivités représentent à chaque fois un terrain intéressant permettant de structurer la pratique et le développement du sport tout en rencontrant également d’importants besoins en termes d’accès à du matériel et à la formation.
Objectif : renforcer les capacités des collectivités territoriales et utiliser le sport comme levier de développement et de cohésion sociale
Le projet, piloté par la Confédération internationale des Unions sportives francophones (CIUSF) avec le soutien de la ville d’Espalion et de l’association internationale des maires francophones (AIMF), vise à promouvoir la pratique sportive dans ces collectivités autour de quatre axes principaux :
– la formation à la fabrication artisanale de matériel sportif,
– la formation des cadres pour développer et organiser le sport localement,
– les séjours d’immersion dans les associations sportives françaises et d’Espalion,
– l’appui à la création de clubs omnisports.
Le développement d’actions en milieu scolaire et la mise en place d’ateliers autour de la Francophonie sont également inclus et feront écho aux valeurs de partage et de coopération qui sont celles du sport autant que de la Francophonie.
Un autre point clé est celui de la fabrication artisanale de matériel sportif, qui permet aux collectivités territoriales plus d’autonomie. En effet, l’un des principaux défis pour la pratique sportive dans les collectivités francophones africaines est le manque d’équipements abordables et le processus coûteux et long d’importation de matériel de l’étranger. Ce projet répond donc à cette problématique tout en réduisant l’empreinte écologique et en contribuant à l’économie locale.
Quel impact pour les habitant.e.s… et pour les collectivités locales ?
Les activités concrètes du projet ont dé- buté en juillet 2024 à Abidjan, Cotonou et Haho et vont se poursuivre tout au long de l’année 2024 à Sfax, Pikine, Boffa, ainsi qu’au Nouveau Brunswick en 2025. Des disciplines comme le ping-pong, le badminton, la natation, le basketball, le volleyball, le surf, le skateboard ou encore le tennis seront développées dans ces territoires en lien avec l’ensemble des acteurs et parties prenantes qui vont vivre le sport localement.
Dans chaque collectivité, le travail avec les artisans locaux a permis ou va permettre tout d’abord de fabriquer du matériel sportif adapté aux priorités identifiées par la collectivité. À titre d’exemple, pendant la première phase qui vient de s’achever en Afrique de l’ouest, 10 tables de tennis de table et 10 paires de poteaux de badminton ont été fabriqués avec du matériel local. La dimension économique de ce projet est donc importante puisqu’il s’agit là de soutenir la mise en place d’une filière économique locale qui associe de nombreux secteurs d’activité, tels que la menuiserie, la peinture ou encore la chaudronnerie.
Pour mobiliser les jeunes et les inciter à la pratique sportive, des camps d’entraînement autour de plusieurs disciplines sont organisés : plusieurs milliers de jeunes vont en bénéficier. Les cours théoriques et pratiques dispensés dans ce cadre aux stagiaires et aux membres des fédérations vont leur permettre de poursuivre ces initiatives dans l’avenir.
Bien sûr, l’inclusion est au cœur de cette action. Celle des femmes, qui constituent au moins 20 % des bénéficiaires du projet. Celle aussi des personnes à mobilité réduite, qui en représentent 5 % au moins. C’est donc bien le sport pour tous et avec tous que la Confédération entend promouvoir.
Mais encourager le sport localement, ce n’est pas seulement travailler sur la pratique. C’est aussi travailler sur la gouvernance. Près d’une centaine de dirigeants, élus ou responsables associatifs, seront formés sur ces questions, notamment sur la méthodologie de projet événementiel et la gestion de projets sportifs. Les premières formations dis- pensées en juillet en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo ont déjà permis de former 25 dirigeants, à l’occasion d’une mission d’expertise à laquelle participaient également Kanaté Ali et Christine Ghys, respectivement président et secrétaire générale de la Confédération internationale des Unions sportives francophones (CIUSF).
À partir d’octobre, Espalion accueillera par ailleurs un cadre territorial de chaque collectivité partenaire pour un stage d’immersion au sein des associations locales, avec le soutien des unions sportives francophones.