L’Euro dames de basket organisé en France a confirmé l’engouement du public pour les « Braqueuses ». Vice-championnes d’Europe, un an après avoir décroché une médaille d’argent aux Jeux olympiques, elles attendent toutefois une vraie reconnaissance de la part des partenaires.
De Trélazé à Mouilleron-le-Captif, les spectateurs n’ont pas oublié celles qui les ont fait rêver l’an passé à Londres en devenant vice-championnes olympiques. Les Bleues étaient en compétition, mais aussi en tournée telles des rock stars. Elles ont été assaillies par des spectateurs conquis à chaque match, signant des kilomètres d’autographes, et remplissant sans difficulté des salles de 5.000 places. « Franchement, c’est un truc de malade depuis le début de la préparation, souriait Gaëlle Skrela. Les salles sont pleines. Il faut que la sécurité nous fasse un passage pour qu’on puisse monter dans le bus. Avant, il y avait 200 personnes dans les salles et personne n’en avait rien à faire« .
Le public se reconnaît dans cette équipe chaleureuse. A l’image d’Isabelle Yacoubou, haranguant la foule en plein match, les Françaises aiment partager avec le public. « Les gens attendent beaucoup de l’équipe et sont derrière nous, remarquait Skrela avant le début de la compétition. On fait du sport pour partager et ça fait plaisir un tel engouement autour de nous. Il faudrait que ça continue encore quelques années. » Les « Braqueuses« , comme elles se sont surnommées depuis un titre européen inattendu en 2009, auraient pu être inhibées par la pression. Au contraire, elles ont puisé un surplus d’énergie dans cet environnement. « Ça nous booste« , assurait Anaël Lardy. « C’est vraiment paradoxal, mais on ne ressent pas la pression. On a eu la chance aussi que ça commence dès la préparation. Ça n’a pas été la surprise pour l’Euro.«
Mais si le public est conquis, les partenaires sont restés encore très frileux. L’équipe de France n’aurait pas eu de parraineur maillot si la Française des Jeux, partenaire historique, ne s’était dévouée au dernier moment pour un montant bien moindre que celui espéré par la Fédération.
Couverture télé limitée
La couverture télévisée limitée de l’Euro (les rencontres étaient diffusées uniquement sur Sport+ jusqu’à la demi-finale codiffusée par le service public) est un frein. Des douze joueuses, seules Céline Dumerc et Sandrine Gruda ont un contrat de sponsoring individuel, avec Adidas. « Mon agent y travaille, mais rien de concret pour l’instant, avoue Yacoubou. La réponse qu’il obtient c’est que le basket féminin ça n’intéresse pas, ça ne rapporte pas d’argent. Mais est-ce que les entreprises ont essayé ? Je ne sais pas.«
« C’est vrai que je m’attendais à plus d’intérêt. Cette équipe est belle. Elle peut représenter beaucoup de choses et communiquer beaucoup plus. On n’a pas les investisseurs. Ça me rend un peu triste« , soupire la joueuse.
Pierre Vincent, le sélectionneur national, se veut plus optimiste pour la suite. « Les gens sont de plus en plus sensibles au sport féminin, juge-t-il. Ça véhicule autre chose, quelque chose d’un peu plus frais, d’un peu plus agréable à voir, des comportements un peu plus conformes à la norme. J’aperçois un changement. » « On a créé une forme d’énergie, qu’il faut continuer à entretenir, dit-il. On ne l’entretiendra que par la victoire. Pour transformer ça en valeurs sonnantes et trébuchantes, il faut continuer à gagner. C’est aussi simple que ça.«
Source: Sport