Mettons le sport et les femmes au cœur de la campagne
La campagne présidentielle 2017 n’est ni sport ni sportive. « Arrête de pleurer Pénélope », nous rétorquent les grincheux. « Le sport n’est pas une priorité », ajoutent les ignorants. Nous ne sommes pas d’accord. Alors, nous avons porté virtuellement Laure Manaudou au pouvoir. Son programme ? Relance de l’emploi, réduction du déficit de la Sécurité sociale, cohésion nationale et égalité hommes-femmes. Le tout grâce au sport.
Pourquoi Laure Manaudou ? Tout simplement parce qu’elle est – et de loin – la sportive préférée des Français (*). À travers elle, c’est la Femme sportive avec un F majuscule, que nous souhaitons incarner. Cette femme qui pratique le sport – comme 87% des Françaises – et qui considère que c’est bon pour la santé, le moral et le bien-être d’elle-même et de sa famille. Cette femme qui porte en outre des valeurs fortes qui transcendent les courants politiques. Le développement durable et le combat pour l’égalité salariale ne sont ni de droite, ni de gauche. Cette « femme sportive » peut-elle sauver la France ? Pas aux yeux des candidats à l’élection présidentielle, manifestement. La place accordée au sport dans les programmes est insignifiante et caricaturale (voir notre article «Où est le sport dans le programme des candidats ? »). Le sport est pourtant un outil très puissant de politique publique. Le programme de notre présidente virtuelle s’appuie sur trois piliers.
1. Les emplois sportifs sont non délocalisables
Sur l’ensemble de l’échiquier politique, de l’extrême gauche pro-ouvrière à l’extrême droite anti-européenne, en passant par la gauche dite sociale et la droite dite libérale, vous ne trouverez aucun courant politique qui ne soutiendra cette proposition à 200%. Le sport est un gisement d’emplois non délocalisables dans des secteurs tels que l’encadrement des activités physiques et sportives, le commerce, le tourisme et les loisirs. Des activités de service dont certaines sont aujourd’hui administrées par des bénévoles. Le potentiel en terme de création d’emplois est considérable. On entend parfois que « tout a été essayé pour lutter contre le chômage ». C’est faux. Un plan massif de développement de l’emploi sportif n’a jamais été tenté.
2. La pratique du sport est bonne pour les comptes de la Sécurité sociale
Les études s’empilent depuis plus de 20 ans sur les bienfaits du sport pour la santé. Plus rares sont les analyses économiques liant dépenses de santé et dépenses sportives. C’est sur la base de cette idée que le Parlement a dernièrement adopté le principe du « sport sur ordonnance » : les médecins peuvent désormais prescrire la pratique du sport dans le traitement de certaines maladies. Mais allons beaucoup plus loin. Étudions de près l’économie potentielle pour les comptes de la Sécurité sociale d’un développement massif de la pratique sportive.
Et ce n’est pas tout ! Fin 2015, une étude d’impact économique de l’Activité Physique et Sportive (APS) sur l’entreprise, le salarié et la société civile a été commandée par le MEDEF et le CNOSF. Résultat : un salarié qui se met à faire du sport améliore sa productivité de 6 à 9%. Il est donc dans l’intérêt des pouvoirs publics et des entreprises de promouvoir la pratique du sport bien au-delà de ce qui est mis en œuvre actuellement.
3.Le sport est un outil de cohésion sociale, de mixité et d’égalité hommes-femmes
Là encore, tous les acteurs politiques, quel que soit leur bord, partagent cette idée. Mais que font-ils pour la mettre en œuvre ? Rien, ou presque. Les sommes investies dans les politiques publiques liées au sport sont extrêmement faibles. Les sports représentent 0,36% du budget de l’État. C’est deux fois moins que le budget consacré aux anciens combattants et près de quatre fois moins que celui alloué à la culture. Ici aussi, des études précises seraient nécessaires pour mesurer l’effet concret d’une augmentation significative de la place du sport chez les Français. Encore faut-il avoir le désir de porter ces études et d’en tirer des conclusions. Le sport peut-il avoir un rôle dans la lutte contre la radicalisation ? Pour le rapprochement entre la population et la police ? Pour l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes à travers l’exemple de sportifs populaires ?
Le sport peut-il sauver la France ? Notre présidente virtuelle ne l’affirme pas. Mais au contraire des autres candidats, elle lance le débat…
(*) : Sondage Future Thinking France pour Women Sports, magazine n°1 juillet-août-septembre 2016, disponible en réassort : www.womensports.fr/commander-un-numero-a-lunite/