Le sport est le grand absent de la campagne. Certes, en ces temps de menaces terroristes, de grands enjeux climatiques et de bataille économique, la politique sportive peut paraître subalterne. Mais tout de même : plusieurs candidats n’ont pas le moindre chapitre « sport » dans leur programme officiel ! Pour dénicher les (rares) mesures proposées, il faut prospecter la littérature annexe de chaque camp. Ce que nous avons fait pour les principaux candidats, la fleur au fusil…
1. François Fillon : « un véritable statut du sportif de haut niveau »
La rubrique « sport » n’est apparue que très tardivement sur le site officiel du candidat de la droite et du centre. Mais le programme de François Fillon à la primaire de cette dernière comportait un chapitre dédié au sport. Dans ce texte, le candidat rappelle que le sport est à ses yeux « un bon exemple de la France qui gagne », avec notamment un 7e rang au classement des médailles des derniers JO 2016 (42 breloques ramenées de Rio). Sur le fond, François Fillon propose une clarification du rôle respectif des acteurs du sport : « à l’État, le soutien au sport de haut niveau, aux collectivités locales celui du sport pour tous ». Au passage, le candidat omet de citer le mouvement sportif, troisième acteur-clé de l’organisation du sport en France. L’ancien Premier ministre, qui rappelle dans la suite de son texte son goût pour le sport automobile, avance en conclusion une proposition concrète : « créer un véritable statut du sportif de haut niveau » … sans davantage de précision.
2. Marine Le Pen : « un maximum de joueurs français dans les clubs »
Le programme de la candidate du Front National tient en 144 propositions dont deux sont consacrées au sport.
Proposition N.116 : « Créer un « contrat sportif de haut niveau » d’une durée de trois ans renouvelable permettant aux sportifs amateurs représentant la Nation dans les compétitions internationales de vivre dignement et de se consacrer entièrement à leur discipline. » Pourquoi cette durée de « trois ans renouvelable » ? Mystère. Rappelons que les olympiades durent quatre ans.
Proposition N.117 : « Soutenir les petits clubs afin de permettre la présence d’un maximum de joueurs français dans les clubs professionnels et lutter contre la financiarisation du sport professionnel. Renforcer les actions contre la violence dans le sport amateur et imposer le respect strict de la laïcité et de la neutralité dans tous les clubs sportifs. »
Cette seconde proposition est tout à fait vague. Nous ne nous y attarderons pas.
3. Benoît Hamon : « remboursement par la Sécurité sociale des activités sportives »
Le candidat issu de la Primaire de la gauche promet un « Grand plan national Sport et Santé ». Un titre quelque peu pompeux pour une mesure-phare : « Je propose le remboursement par la Sécurité sociale des activités sportives prescrites par un médecin pour les patients atteints d’une affection de longue durée (diabète, cancer, maladies cardio-vasculaires, obésité…) ». Une proposition forte… mais dont le chantre du revenu universel n’explique pas comment elle sera financée. Le principe du sport sur ordonnance vient d’être adopté par le Parlement et soulève précisément des débats sur la question de la prise en charge. Second engagement du candidat socialiste : « Je développerai l’accès au sport au travail, dans le privé et le public. J’encouragerai ainsi les comportements bénéfiques de nos concitoyens pour combattre les maladies chroniques. » Enfin, autre mesure qui ne concerne pas le sport mais qui ne pouvait échapper à Women Sports : le respect de l’égalité salariale femmes-hommes. Benoît Hamon s’engage à « renforcer les sanctions inscrites dans la loi (1 an d’emprisonnement et 3750 € d’amende) en cas de non-respect de l’égalité salariale ».
4. Emmanuel Macron : « ancrer le sport dans le temps scolaire »
Inutile de chercher la moindre trace de sport dans les propositions écrites du leader du mouvement « En Marche ! ». Pas un mot ne concerne le sport dans le projet d’Emmanuel Macron. Pour connaître ses intentions dans le domaine du sport, la seule source à ce jour est l’interview qu’il a accordée à Jacques Vendroux sur les ondes de France Bleu dans le cadre de l’émission « Stade Bleu spécial élection Présidentielle 2017 », qui vise précisément à connaître les programmes sportifs de chaque candidat. Au-delà du soutien de circonstance à la candidature de Paris 2024 et des considérations générales sur « le sujet de la professionnalisation à structurer » ou de « la reconversion des sportifs » on retiendra, à défaut de propositions claires, quelques messages forts. Tout d’abord, Emmanuel Macron promet un « un ministère fort ». Traduisez : un ministère à part entière pour le sport, et donc a priori pas un rattachement au ministère de la Ville, comme ce fut le cas lors du quinquennat qui s’achève. Le candidat a par ailleurs insisté sur le sport à l’école : « Il faut plus de liens avec l’école. Le sportif est à remettre davantage au sein de l’école pour s’ancrer dans le temps scolaire. »
5.Nicolas Dupont-Aignan : « encadrer la rémunération des dirigeants des fédérations »
Le candidat de « Debout La France » fut le premier à proposer un programme sportif précis. Trois pleines pages de propositions écrites et structurées, avec une série de mesures scindées en quatre parties.
1. « Réduire les inégalités d’accès à la pratique sportive » en procédant notamment à « une réforme de la part territoriale du CNDS » ciblant « les publics éloignés de la pratique ». Entre les lignes, on comprend que le candidat souverainiste veut réorienter les subventions aux équipements sportifs vers les communes rurales.
2. « Encourager les Français à renouer avec l’activité physique, source de bien- être » avec une idée simple : « Assouplir les horaires d’accès aux équipements sportifs afin de permettre aux actifs d’effectuer du sport pendant les pauses déjeuners ».
3. « Renforcer la compétitivité du sport de haut niveau en France pour accroître son rayonnement dans le monde » avec une me- sure chiffrée mais en réalité assez imprécise : « reverser environ 100 millions d’euros parmi les profits générés par la Française des Jeux » au profit du sport de haut niveau. Une taxe sur la Française des Jeux abonde déjà le financement du sport français. Il n’est pas précisé ici si cette manne serait à déduire de cette taxe.
4. « Moderniser le fonctionnement de nos fédérations sportives » avec notamment une proposition symbolique : « Encadrer la rémunération des dirigeants des fédérations. »
NB : L’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon contactée par notre rédaction n’a pas donné suite à nos sollicitations. Un « livret sport » est annoncé pour « mars ou avril » sur le site officiel du candidat, mais il n’est toujours pas en ligne à l’heure actuelle. Dans son livre-programme « L’avenir en commun », le candidat de la « France insoumise » avait avancé plusieurs propositions pour le sport, dont celle de « garantir l’égalité entre le sport féminin et masculin y compris en matière de diffusion à la télévision ».