Avec son regard de chercheuse et d’entraîneure, Stéphanie Meriaux s’interroge sur la manière dont un coach pourrait aborder l’entraînement sportif d’une athlète. Voici les grandes idées défendues par l’auteure de « Entraîner des sportives, spécificités et mise en place » (Editions Amphora), la sélection de Women Sports. Par Léa Borie
Hommes et femmes, égaux oui, pareils, non !
Hommes et femmes naissent libres et égaux, dans les faits, nous sommes d’accord. Néanmoins, leurs différences sont importantes, rappelle Stéphanie Meriaux.
Quels sports sont concernés ?
Le débat monopolise toute la sphère sportive mais il s’agit particulièrement des sports à maturité précoce (gymnastique, danse, patinage, natation synchronisée…).
Quelle période est concernée ?
A partir de la puberté, période charnière, des modifications morphologiques, physiologiques et psychologiques surgissent. Et c’est aussi à ce moment-là que filles et garçons se différencient. Cependant, on parvient à repousser ces différences par un entraînement intense.
Comment gérer les différences filles garçons ?
La préparation physique a progressé grâce à une approche plus personnalisée. Mais les facteurs de performance lui font faux bond : représentations sociales et stéréotypes nous mènent la vie dure (Exemple : en raison de l’éducation transmise dans notre société, les filles sont plus protégées que les garçons). Ce sont aussi eux qui construisent l’approche « genrée » que les individus se représentent.
Quelles sont les différences filles garçons ?
- La taille, le poids, la masse grasse, la masse maigre, le bassin, le périnée, le cœur, le sternum, le pied…
- Un trouble de métabolisme osseux plus fréquent chez la femme, du fait d’une densité minérale osseuse moins importante
que l’homme - En aérobie, vitesse et explosivité sont généralement inférieures à l’homme. En cause, la différence de masse musculaire
- Les filles ont tendance à vouloir trop bien faire, car elles réfléchissent et intellectualisent énormément. Du fait, elles ont du mal à lâcher prise
- Elles cherchent plus de confiance, de complicité dans leur rapport à leur coach, selon Olivier Pauly, enseignant entraîneur. Elles se sous-estiment souvent, à l’inverse des garçons. Caractérisées par plus d’anxiété et un manque de confiance en elles, elles nécessitent une relation en tête-à-tête avec l’entraîneur, avec un besoin de sentir un soutien
- Elles parviennent bien à s’auto-motiver. Cependant, l’égo tend à s’amenuiser quand le niveau augmente
- Elles ont fréquemment tendance à mal accepter les remarques sur leur physique. Il faut dire qu’elles cherchent souvent à plaire et sont attentives à leur pouvoir de séduction… Un mot d’ordre : crever l’abcès !
Les caractéristiques à gérer côté entraîner
- La triade de la femme athlète : C’est l’association aménorrhée, troubles du comportement alimentaire et déminéralisation osseuse chez la femme pratiquant un sport de façon intensive.
- Le cycle menstruel : Il induit des hauts et des bas plus perceptibles que chez le garçon. Un phénomène de perturbation du cycle souvent passé sous silence, jugé comme faisant partie de la sphère privée de la sportive. Pourtant, les besoins en fer sont plus importants, par exemple. Cependant, ces pics d’hormones tendent à se lisser avec les années et surtout avec un contraceptif oral.
Les avantages féminins
- Le bon point : le pic du cycle menstruel autour du quatorzième jour est favorable aux efforts anaérobies (expansivité forte, avec essoufflement)
- Aptitude aérobie (endurance modérée) :
progression importante, capacité de travail et de récupération supérieure aux hommes - Analyse : en entraînement, les femmes sont souvent plus réceptives au travail analytique suite au feedback entraîneur
- Concentration : leur faculté d’attention est meilleure, plus focalisée
- Auto-analyse : elles sont généralement plus à l’écoute de leur corps
« Les différences sur le plan physiologique sont davantage des freins, avance Stéphanie Meriaux. Mais ces derniers imposant de la rigueur et pouvant être compensés par du travail, car remédiables, il en ressort des capacités plus fortes par rapport à un public
masculin davantage prédisposé. Un argument à nuancer car il dépend de l’activité et de la personne. En termes de préjugés, plus on va dans la performance, plus on perd les stéréotypes véhiculés par la société. Au lieu de se centrer sur une confrontation homme/ femme, on évolue vers une représentation de la discipline. »
On ne peut être radical dans les différences garçons/filles car nous avons tous une part féminine et masculine en nous. Selon Stéphanie Mahuet-Lewandowski, force, vitesse et domination sont l’apanage de l’homme et pourtant, on les retrouve chez des sportives. C’est une question de construction sociale. C’est là que réside toute l’importance de la sensibilité féminine de l’entraîneur pour que la sportive se cherche et réussisse ! De plus, n’oublions pas que, pour toutes ces considérations, on parle d’un profil féminin standard.
A lire : Entraîner des sportives, Stéphanie Meriaux, Editions Amphora.